Selon les chiffres publiés lors du
récent "Google Analyst Day 2006", le total des revenus Google sur les 4 dernières années est de (440 + 1'466 + 3'189 + 6'139) = 11'230 millions de dollars.
Ces revenus sont
à 99% publicitaires: le programme AdSense / Adwords est la corne d'abondance de Google (au vu
des marges actuellement générées)
Six jours après cette rencontre, durant laquelle Eric Schmidt, le ceo a déclaré que la fraude aux clicks ("click fraud") était à considérer comme immatérielle (i.e infime),
Google a conclu à l'amiable l'un des procès (l'autre
est décrit ici) ouverts en 2005 sur le sujet en s'engageant à créditer (donc pas de réelle sortie d'argent) en prestations Adwords (
publicité pay-per-click) pour un montant maximum de 90 millions de dollars les annonceurs qui pourront prouver qu'ils ont dû payer des clicks frauduleux à Google depuis 2002 (lancement de Adwords / Adsense).
Donc, puisque 90 millions de dollars, c'est moins que 1% des revenus de Google sur ces 4 années, on pourrait admettre que la fraude au click est bien "immatérielle".
Mais, dans l'absolu, 90 millions de dollars, c'est une vraie somme! Et puis surtout, c'est la reconnaissance explicite par Google que la fraude aux clicks existe bien: il y a donc maintenant un précédent juridique sur lequel d'autres pourront "construire"!
Le récent article du Washigton Post dramatise le sujet: il s'appuie sur les résultats d'une
analyse poussée menée par l'agence Clickfacts pour le compte de l'annonceur en ligne
Radiator.com (500'000 dollars de budget annuel Adwords!) pour dire que c'est autrement plus grave.
En effet, selon les résultats de l'enquête sur le cas Radiator.com, 35% des liens payés par Radiator.com à Google concernaient du trafic "douteux" (17% pour les liens payés à Yahoo). Radiator.com paie chacun de ses liens entre 80 cents et 1.2 dollar.
M. Caruso, fondateur de Clickfacts, dit que d'autres études similaires montrent une fraude moyenne entre 20 et 40%.
Le Washington Post dit ensuite que c'est la création du réseau AdSense (dont
Media & Tech fait partie...) qui a massivement fait croître la fraude aux clicks.
En effet, Adsense est basé sur
un partage des revenus à 79% / 21% entre affiliés et Google. Il permet donc divers stratagèmes de génération de revenus basés sur le principe de base suivant:
- je créé un site / blog alimenté automatiquement et régulièrement en contenu
- j'y mets en place AdSense
- je mets ailleurs en place un robot logiciel qui vient sur mon site et clique sur mes annonces pour faire payer les annonceurs
- Google me verse à la fin du mois les revenus correspondants à ces clicks.
[Note importante pour décourager les risque-tout: c'est l'idée de base.... il faut être beaucoup plus habile pour passer à travers les mailles du filet - Washington Post va même jusqu'à publier les noms des robots logiciels "leaders": Smart HitBot, Fake Hits Genie & Fakezilla]
Avant Adsense, le seul intérêt de ce jeu était de faire exploser le budget publicitaire d'un concurrent en lui générant des tonnes de clicks qu'il devait payer (mais dont Google gardait les 100% pour lui).
De toute façon, l'escalade habituelle mesure / contre-mesure est en marche: des services tiers comme Click Tracy, Click Detective & WhosClickingWho existent maintenant pour lutter contre ce nouveau fléau.
Et, il faut le combattre, ce fléau: au delà des moteurs de recherche, ce partage des revenus permet
à toute une nouvelle économie en ligne de naître en fournissant des revenus à des startups qui,elles, produisent en retour du contenu, matière première de Google. Ne pas traiter ce problème à court terme pour tenter d'avoir un peu plus de revenus pendant quelques trimestre serait tuer la poule aux oeufs d'or pour le long terme!
La publicité en ligne prend son envol maintenant! Il ne faut pas lui briser les ailes en ruinant la confiance des annonceurs qui mettraient ensuite des années à revenir....
PS: pour ceux vraiment intéressés par tous les détails et impacts juridiques de ce cas, je conseille encore
cet article de ClickZ