Mais, je trouve que l'analyse des chiffres par J. Battelle sous un angle opérationnel et relatif est encore plus instructive:
- Le revenu moyen de CHAQUE recherche est maintenant de 0.12 dollars. CHAQUE: vraiment CHAQUE recherche (!!) et pas seulement celles qui sont "sponsorisées". Soit 20% de progression par rapport à 2004 où c'était seulement 0.10 dollars.
- Le revenu moyen par utilisateur est de 7 dollars
- Le revenu moyen par click Adwords: 0.62 dollars. Qui oserait prétendre ensuite que le modèle "Pay-Per-Click" ne paie pas?
- La banque d'affaires Bear Stearns prédit à Google un bénéfice net pour 2006 de 4 milliards de dollars, soit environ le chiffre d'affaires de 2005!
- La croissance du chiffre d'affaires pour cette année est de 96% par rapport à l'année dernière. A comparer aux "modestes" 42% de Yahoo… Pour 2006, Bear Stearns prédit "seulement" 61%. Le début de la fin de la croissance de Google dans l'Internet ? Malgré tout une forte avance sur la moyenne du trio EBay-Yahoo-Amazon pour lequel Bear Stearns "ne prédit que" 29%.
Comme Microsoft a (actuellement…) une palette de produits plus étendue, chacun peut en déduire ce qu'il veut: (a) Google focalise plus et mieux ses efforts que Microsoft ou (b) Google a besoin de plus d'argent pour atteindre les mêmes résultats…
En tout cas, avec de tels chiffres, on peut comprendre pourquoi Google s'engage sur de véritables révolutions à la genèse difficile et pourquoi il peut se donner 300 ans pour atteindre ce genre d'objectifs!
Malgré tout, ses stratèges doivent préparer l'avenir:
- En gardant ces 35% de marge opérationnelle et selon les prédictions de chiffres d'affaires de Bear Stearns de 4 milliards de bénéfice, Google devra "sortir" 12 milliards de chiffres d'affaire l'année prochaine.
- Le marché de la publicité Internet global sera aux alentours de 16-18 milliards et ne croîtra lui selon PriceWaterhouseCoopers (PWC) sur ClickZ qu'à 15.8%.
- Google croît donc beaucoup plus vite que le marché duquel il vit à plus de 98%.
Si il reste dans le monde publicitaire et qu'il raisonne par la taille, il devra impérativement se tourner vers la télévision. C'est le premier marché publicitaire actuellement: toujours selon PWC, il croit de 6.9 % chaque année pour atteindre 186 milliards de dollars en 2009. Là, il y a de la place pur grandir mais ce sera plus difficile: chaque centimètre carré est déjà occupé et sera âprement défendu! Ce serait une bataille moins aisée que celle qui consiste à défricher un espace vierge comme l'Internet...
Il y a cependant des signes tangibles:
- des recrutements de haut niveau chez Google autour de la télévision
- Le NY Post qui annonce que Google réfléchit à étendre son intermédiation publicitaire à la télévision
- le célèbre blog BoingBoing s'est fait confirmé le sujet par B. Schnitt, le porte-parole de Google qui, selon la méthode Google habituelle, confirme puisqu'il n'infirme pas...
[Cette expérience dans les magazines est aussi un moyen de tester la nouvelle méthode Pay Per Call afin de booster Google Talk dans un futur proche]
Il y a une sorte de paradoxe dans cette évolution de Google: il doit chercher sa croissance future au-delà du marché sur lequel il est né et dont il est le leader incontestable. Il doit même revenir sur les terres des médias traditionnels auxquels il était censé faire tant de mal...
C'est peut-être finalement un bien pour ces média traditionnels: si Google devient leur intermédiaire publicitaire, il va associer inéluctablement son destin aux leurs et devra ainsi leur assurer longue vie et prospérité....
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