Quand, chez
Publicitas, nous sommes partis dans
le projet NACA, nous avions
pris cette décision car nous "sentions" déjà que la professionnalisation de Linux était en cours: nous n'avions de donc pas de crainte à
migrer (automatiquement) nos 4 millions de lignes de Cobol vers du Java.
Le
dernier rapport de la fondation Linux donne des chiffres explicites sur cette professionnalisation à travers une analyse de l'évolution du noyau de Linux.
Le nombre de changements / améliorations dans ce noyau devient toujours plus important au fil des nouvelles versions [Le graphe ci-après place le jour 0 du comptage à la version 2.6.11]
La taille de ce noyau va donc en conséquence toujours croissante: on est maintenant au bord des 9 millions de lignes de code source...
La partie intéressante autour de la maintenance / évolution de cette importante masse de code source:
- 73% des changements dans les 3 dernières années ont été faits par des employés de sociétés au nom de cette société dont 28.5% pour le total des seuls IBM, RedHat, Novell
- 14% ont été faits par des individus en leur nom propre. (Les 13% sont de "source inconnue")
On est donc plus du tout dans le système d'exploitation développé par
Linus Torwald comme projet d'études.
Pourquoi une telle contribution des sociétés professionnelles à un système "qui scie la branche" de leurs système d'exploitation propriétaires?
- Parce que, quand comme IBM on est constructeur de matériel, il n'y a plus d'autres choix que faire fonctionner Linux au mieux sur ses propres "boîtes" pour espérer en vendre un maximum. Il faut donc contribuer au maximum au fonctionnement optimal de Linux. La passivité serait fatale face aux concurrents qui eux feraient cette optimisation
- Parce que, quand comme RedHat ou Novell, on vit directement de Linux, on doit tenter de de le répandre au maximum et "l'aligner au mieux avec sa propre stratégie": rien de mieux alors que d'y contribuer pour pouvoir réaliser directement cette alignement ou obtenir une influence importante sur la communauté pour y arriver indirectement. C'est, de plus, toujours un argument marketing utile que de pouvoir se vanter de contribuer au coeur du système sur lequel on vit, preuve indéniable de fortes compétences!
- Parce que quand on est utilisateur ou prestataire de services d'un client y ayant "placé toute ses billes", le meilleur choix est de remettre dans la communauté Linux ses modifications afin qu'elles deviennent standard du système. Un système d'exploitation n'est pas un moyen de différentiation stratégique: il est de l'intérêt de tout modificateur de laisser la communauté poursuivre la maintenance de son travail...
Pour les sociétés professionnelles, nous noterez que je ne parle pas de "contribution généreuse à un système communautaire": celles qui contribuent y ont forcément un intérêt direct beaucoup moins désintéressé! Pécuniaire ou autre.....
Je perçois personnellement Linux comme le système d'exploitation ultime vers lequel tout le monde finira par migrer: c'est par exemple
le système d'exploitation du million de serveurs de Google (dans une version modifiée).
C'est cette "unification par les couches basses" qui pourra donner naissance finalement à un
"Utility Computing On Demand" (dont j'ai déjà abondamment parlé) homogène qui permettra enfin, via cette homogénéité, des économies substantielles aux entreprises trop souvent engluées dans des frais d'exploitation autour de 80% de leur budget informatique!
L'
émergence actuelle du "Cloud Computing" dans des formes embryonnaires est le signe avant-coureur de ce phénomène: c'est pour cela que
des constructeurs comme Sun font le grand saut dans cette direction.
C'est l'enjeu stratégique des 5 prochaines années pour les constructeurs informatiques!
Note: dans cet article, l'utilisation du mot "professionnel" n'a aucun sous-entendu de qualité par rapport à "amateur". Il entend juste signifier "personne payée par un employeur pour faire du développement logiciel"
Source: blog
Media & Tech (par didier durand)