Devant ce buzz toujours plus grand autour des Google Apps et devant le partenaire de choix trouvé par Google pour pénétrer les plus grandes entreprises, Microsoft n'a pas tardé à réagir. En effet, le succès de Microsoft et de Windows est dû en très grande partie (Selon Steve Ballmer) à la connexité très étroite entre MS-Office et Windows: si les utilisateurs MS-Office passent à l'enemi, tout l'édifice Microsoft sur les PCs pourrait ensuite s'écrouler....
Une réaction était donc nécessaire: elle n'a pas tardée!
Microsoft a envoyé à ZDNet un email publié par Mary Jo Foley avec 10 points / questions à traiter afin de mettre en lumière les points faibles de la proposition aux entreprises de basculer vers Google Apps.
Je reprends ci-après ces points (en italique) agrémentés de quelques commentaires personnels:
- "Google annonce des clients de type entreprise pour Google Apps - lesquels de manière concrète?" C'est vrai que je n'en connais aucun. L'un d'entre vous connaît-il des noms?
- "L'histoire de Google est jonchée de produits en bêta éternelle qu'il met à jour à son rythme (caché) sans montrer comment il tient compte du feedback des utilisateurs / clients". Exemples criants: Google Mail encore en bêta depuis sa naissance ou Google Calendar, Google Base etc... C'est clair que cette stratégie est certes très 2.0 mais pas du tout "corporate" car le degré d'incertitude accepté par une société est le plus souvent inversement proportionnel à sa taille!
- "Si Google Apps ne remplace MS-Office mais le complète alors pas de réduction de coûts mais une augmentation plutôt!". L'argument du complément par Google Appls est celui souvent mis en avant par Google. Mais, je partage l'avis de Microsoft: non seulement on paie alors le support MS-Office mais aussi celui de Google Apps et en outre celui de l'interconnexion des 2 (sûrement le plus elevé des 3...)
- "Le focus de Google reste sur la publicité, en particulier celle sur les moteurs". Implacable: pour 2006, encore 99% des revenus de Google provenaient de cette source. Et, on peut bien admettre qu'une société (surtout au pinacle de Wall Street) se focalise sur ce qui lui rapporte...
- "Google Apps ne fonctionne pas en mobilité". Aujourd'hui, c'est 100% vrai mais la "potion magique" Google Gears pourrait bien être prochainement appliqué à Google Apps pour un fonctionnement déconnecté. Le reverse engineering du code actuel de Google Apps montre que cela doit être un sujet chaud à Mountain View ces temps-ci! Cet argument pourrait donc tomber prochainement...
- "les fonctions bureautiques indispensables aux entreprises manquent": pas d'entête, de pied de page, table des matières, etc... dans Google Docs. Je vis dans une grande entreprise: le respect du "corporate identity" est un des leitmotivs de nos communicateurs. Je ne peux donc pas donner tort à Microsoft...
- "la gestion des documents par l'entreprise n'est pas possible": les entreprises américaines vivent sous le joug des directives Sarbannes-Oxley où elles doivent pouvoir fournir à tout instant et instantanément tous les documents produits par l'entreprise. Avec Google Docs, c'est clair que n'est possible: les docs sont sur les serveurs Google et la notion d'entreprise d'appartenance des utilisateur n'existe pas (à ma connaissance) . Pas plus que la fonction d'extraction des documents souhaités par un administrateur tiers.
- "Disponibilité du service et du support inadapté à l'entreprise": le mail de Microsoft explique que le support de Google n'est pas permanent (seulement aux heures de bureau) et que la disponibilité du service permet jusqu'à 10 minutes d'indisponibilité chaque heure (cas d'école!). Cap Gemini devra prendre le relais pour le support et les nouveaux clients accepter le risque d'indisponiblité.
- "les utilisateurs utilisent certes chacun 10% de MS-Office mais pas tous les mêmes": on se laisse tous aller à cette critique mais c'est vrai que quand on discute avec ses collègues de leur utilisation de Office ou Excel, on voit que chacun utilise un fragment mais pas le même... Donc, "n'implémenter que 10% et les appliquer à tout le monde" est-elle une recette qui marche? L'avenir le dira....
- "l'absence de transparence coûtera cher aux entreprises" (cf point 2). C'est vrai que les grandes entreprises aiment pouvoir savoir à l'avance afin de planifier et d'optimiser leurs coûts de mise en place et de formation sur les nouveaux produits. Nous passons dans mon entreprise pas mal de temps avec Microsoft pour qu'ils nous détaillent le plus possible les roadmaps de leurs produits. Pas sûr que Google sache fonctionner ainsi à ce jour: CapGemini saura le faire pour autant par contre qu'elle reçoive les informations au préalable.
Si quelqu'un de CapGemini me lit, on pourrait peut-être lui suggérer que CapGemini s'applique le produit à elle-même pour en devenir une énorme référence ! (and "eat its own food" - c'est peut-être dans les plans d'ailleurs?...)
En tout cas, pour que Microsoft se fende d'une telle réponse aussi détaillée, c'est au minimum que la menace Google Apps est maintenant considérée comme très sérieuse!
A suivre....
PS: les autres arguments (pro ou con) sont bienvenus!
Source: blog Media & Tech (par didier durand)
11 commentaires:
A mes yeux, le principal risque c'est le stockage fermé chez Google.
Sur le fond, c'était aussi la stratégie de Microsoft... en d'autres temps puisqu'ils ont dominé avec un format de fichier fermé.
Mais, pour en revenir au risque : quid si Google fait faillite (ça parait improbable mais il y a 10 ans on annonçait la disparition d'Apple) ?
Et puis comment espérer migrer de Google vers autre chose ?
Ceci étant dit, je trouve la stratégie de Google bien plus innovante que l'OpenOffice de Sun qui se contente de cloner Office.
Alors vraiment on a encore les mêmes lectures !
Jean-Marie :-)
" Les entreprises qui basculeraient aujourd'hui vers Google Apps seraient des pionnières prêtes à essuyer les plâtres sur le terrain technologique, légal, opérationnel, etc..."
Pourquoi ce besoin absolu de déployer des suites bureautiques?
Les applications métiers ne seront donc jamais suffisantes aux entreprises.
Plutot que de migrer de Microsoft vers Google apps, il serait bien mieux de mettre en place de vrais SI ... à moins que le role d'un DSI soit d'acheter des licences Ms Office ou des appliances faisant la même chose.
Petit 1) + d'autres sur l'un des blogs de Google, je ne sais plus lequel.
Une petite news est passée sinon inaperçue, disons discrètement cet été : l'intégration d'une suite logicielle concurrence à MS Office dans le Google Pack.
http://pack.google.com
La suite logicielle gratuite de Google n'a pas choisi d'intégrer le très Open Source OpenOffice, mais le très... Corporate, StarOffice de Sun.
Il est très à la mode de parler de RIA (Rich Internet Applications) et de RDA (Rich Desktop Applications). Probable que ces deux modèles applicatifs ne fonctionnerons pas mieux qu'en fusion (synchronisation et portages sur toutes les interfaces, bureau, mobile, PDA).
Si Google Apps est l'actuelle RIA, il suffit de connecter joyeusement un bon vieux logiciel au Net pour qu'on puisse appeler ça RDA sans rougir.
N'oublions pas que les entreprises sont le plan B de Google. Et comme Google l'a annoncé je pense plutôt qu'il s'agit du plan A'.
Microsoft peut donc commencer à gesticuler, ça n'est pas le désastreux Vista (1) qui pourra lui donner les années d'avance qu'il commence à accumuler en retard.
(1) Oui, j'ai acheté cette d**be, version intégrale de Vista.
Je trouve les 10 questions très orientées.
1. Quelque soit la solution on se retrouve verrouillé sur un support donc Microsoft ou Google ou le deux ???
2. La pub est le modèle économique public de google. Mais l'abonnement est le modèle privé.
3. Le cout ? Microsoft propose des outils bureautique performant alors que Google propose un vrai système d'information performant et mis a jour régulièrement.
Donc on a d'un coté des outil pour le poste client intéressant et de l'autre tout la mécanique pour collaborer.
Bref ces 10 questions pourraient être objectives mais en fait son orientées.
@Benoît;
Le stockage fermé et la migration, ce sont effectivement un des risques importants soulevés par Microsoft.
La faillite, c'est pas pour demain.
L'innovation débridée n'est pas au goût de sgrandes sociétés: ce que je perçois chaque jour.
C'est ok pour les geeks et qq consommateurs avisés, pas pour le monde industriel!
a+
didier
@jean-marie:
les grands esprits...
a+
didier
@Ludovic:
Pour moi une suite bureautique fait partie du SI: il y a toute une partie de l'information que l'on ne peut pas structurer plus que dans des tableurs et des traitements de texte.
C'est la partie "ad hoc" de l'IT. Elle est un aspect touours plus important à mes yeux dans une époque où la production d'informations déstructurées est toujours plus importante...
a+
didier
@Dominique:
je crois aussi au modèle "fusion" mais gare aux coûts supplémentaires résultants (cf mon billet)
a+
didier
Salut Nextone,
Ces questions sont violemment défensives donc orientées, c'est sûr!
a+
didier
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