mercredi, septembre 12, 2007

Les 17 règles d'Andreas pour lancer sa startup

Mon camarade Andreas est encore à Boston après la fin de son MBA au MIT pour peaufiner la forme de sa prochaine startup (il est du type "serial entrepeneur").

Il nous livre les 17 règles qui guident sa réflexion actuelle pour définir son nouveau bébé. Il y en a plus plusieurs qui correspondent à ma propre pensée. Je vous propose donc une traduction depuis l'allemand "libérale" sur le formulation (mais respectant l'esprit) et agrémentée de réflexions personnelles au fil de l'eau.

On commence:
  1. "une idée n'a intrinsèquement pas de valeur. C'est l'exécution qui compte". Cela rejoint certaines affirmations d'Eric Schmidt sur l'importance de l'excellence opérationnelle de Google (exploiter 1 millions de serveur pour servir 100 milliards de pages comme ils le font, c'est vraiment savoir exécuter!) De mon côté, je pense que la planète (surtout ses geeks) réfléchit de manière synchrone grâce à la vitesse de transmission des idées permises par la blogosphère. Tout le monde a les mêmes idées en même temps. Ensuite, il y a ceux qui les réalisent efficacement et les autres...
  2. "Quelques douzaines de personnes réfléchissent déjà aussi à cette idée. Quelques unes d'entre elles ont commencé la réalisation". Retour au point 1, c'est dur d'être original vu que l'information est fluide. On fait donc la même chose à plusieurs endroits de la planète. La vitesse de réalisation devient clef: la communauté (chère au web 2.0) qui contribue de manière saine (.i.e en étant payée et pas exploitée...) est capitale! [Note: du fait de la globalité d'Internet, cela ne veut quand même pas dire que parce qu'une idée commence à être exploitée quelque part, il ne reste pas de la place pour faire quelque chose de proche... en mieux!]
  3. "Si une idée est tellement originale que personne d'autre ne l'a eue, alors elle est probablement mauvaise." J'ai vécu ceci à 100% dans mon passé R&D: amener une idée trop longtemps avant que les esprits ne soient mûrs, c'est la vouer à l'échec incontournable. Je l'ai vécu il y a 5-7 temps pour de sujets en pleine actualité aujourd'hui! J'ai appris à cette occasion que "avoir raison trop tôt, ce n'est pas avoir raison"
  4. "On peut toujours tenter d'améliorer une bonne idée du passé. Pour qu'elle devienne un grand succès de startup, le saut d'amélioration doit être quantique!" Refaire le coup de Google ou de Dell surtout pour atteindre l'échelle qu'ils ont aujourd'hui ne se voit pas tous les jours! Pour cela, un petit plus ne suffit pas
  5. "Le service / produit orienté consommateur doit passe le seuil des 20%": au coeur de la cible visée, y-a-t-il au moins une envie forte aujourd'hui pour 20% des clients / utilisateurs d'utiliser le produit / service prévu? Si non, l'idée est trop exotique.
  6. "Le service / produit orienté entreprise doit avoir un client potentiel" : si aucune entreprise auquel le produit (non encore développé) est présenté n'est prête à le mettre en oeuvre AUJOURD?HUI EN LE PAYANT, retour à la case départ!
  7. ""build it and they will come" n'est pas une stratégie". Conséquence logique de 3, 5 et 6. Il faut effectivement quand même faire un peu de marketing avant de se lancer dans le développement même si beaucoup de geeks préfèrent le 2ème au 1er! Enfin, peut-être pas trop quand même, l'intuition doit garder une place à mon avis.
  8. ""Google / Yahoo / Microsoft / R. Murdoch vont m'acheter au plus vite" n'est pas non plus une stratégie". Effectivement, certains ne bâtissent pas une société mais développe une simple fonction dans le but d'une acquisition rapide par un major dont la palette serait complétée par cette technologie additionnelle. Honnêtement: on ne peut blâmer personne car les mashups poussent dans cette direction. De multiples récentes acquisitions par Google, Yahoo, Microsoft ont clairement été faites sur ce mode. Seul souci: on ne vit pas d'un feature à long terme donc si l'acquisition ne vient pas....
  9. "Avoir un business model clair n'est pas une honte" ... et en plus cela permet de vivre si l'on ne veut pas être dans la mauvaise situation issue du point 8 si l'acquisition espérée ne vient pas!
  10. "Pouvoir livrer ce business model en une phrase n'est pas honteux non plus": c'est le complément normal du 9. Autrement dit "ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement". Je me méfie toujours en tant que client potentiel de la solidité à long terme des startups auxquelles il faut des explications longues, emberlificotées et nébuleuses pour expliquer leurs revenus...
  11. "Le business model change mais il faut toujours en avoir un": la flexibilité fait clairement partie des atouts à posséder dans le monde très darwinien de l'internet et du web 2.0. Mais, "être flexible" ne veut pas dire "ne pas avoir de cap". Il faut en permanence savoir lequel on vise et l'adapter si besoin.
  12. "Le meilleur modèle reste celui du paiement direct par les utilisateurs" A mon avis pour 2 raisons: on est sûr de la valeur du service pour le client donc de sa loyauté) et on s'affranchit de l'impact des bulles (publicitaires) online. Il paraîtrait que nous en vivons une et qu'elle va éclater...
  13. "Quand les revenus sont indirects (par ex. publicité), la situation est plus compliquée. Avec 2 provenances ou plus, c'est inextricable". Pas convaincu? Regardez par ex. la relation "je t'aime, moi non plus" entre Google et les éditeurs...
  14. "La publicité est conjoncturelle. La publicité online aussi". Même si elle est explosive, la publicité en ligne subira aussi les affres du prochain retournement conjoncturel (certain pour sa survenance, juste imprévisible sur sa date...) même si les titans jouent le jeu par les règles. Bienheureux alors les modèles basés sur le point 12!
  15. "Les mashups sont cools mais malsains: la dépendance totale à d'autres n'est pas bonne: elle est rapidement mortelle!": je nuancerais ici les propos d'Andreas. Il y a beaucoup de mashups faibles (qui ne produisent pas de réelle valeur ajoutées), il y en a par contre d'excellents (comme les mashups multiplicatifs déjà évoqués). La sélection se fera autour de la valeur réellement produite: mettre des punaises virtuelle sur une carte Google ne fait pas une entreprise. Les bons mashups sont ceux qui produisent de nouvelles informations à partir de celles utilisées sur d'autres sites et inaccessibles à ces sites unitaires (croisement de données inter-sites, etc...)
  16. "les fondateurs pensent trop (en permanence) ou trop peu (jamais) à leur stratégie de sortie": la seule sortie ne peut être (surtout en Europe) la seule raison de fonder une société. Et puis, ne penser qu'à cela, nuit à son développement. Par contre, savoir dès le début et en chemin ce que l'on veut finalement en faire ("une occupation à vie", "un bon coup financier", une "trace dans l'histoire", etc...) ne nuit jamais!
  17. "La réalisation dure toujours plus que prévu. toujours" Si vous avez un contre-exemple, je prénds!
Bien joué, Andreas!

Et puis, tout cela ne s'applique par qu'aux startups! Il y a à boire et à manger pour tout le monde.

Et à vous comme à moi, certains points rappeleront sûrement des expériences personnelles...

Source: blog Media & Tech (par didier durand)

2 commentaires:

Unknown a dit…

Trés intéressant cet article, de bons conseils, mais certains un peu cyniques. J'en parle justement ici : http://encoreungeek.com/message-aux-web-entrepreneurs-votre-id-e-nest-pas-originale

J'aime pas trop l'idée selon laquelle une idée est bonne = plusieurs personnes l'ont VS une idée pas bonne = parce que vous êtes seul à l'avoir. Il existe autant d'angles de réfléxions que d'humains, je crois qu'il existe des moments ou seulement une infime poignée de personnes arrivent à un certain montage intellectuel...

Didier Durand a dit…

Bonjour Alex,

"Idée" est à prendre ici au sens large. Je suis d'accord que les petites variations de chacun peuvent faire une différence à la fin.

C'est en sens qu'il faut donner la primauté à l'exécution (cf article) qui est à mon sens la matérialisation de ces petites différences qui font l'USP.

Et je reste convaincu aussi du fait qu'il faut s'inquiéter si on est le seul à avoir une idée ... ou qu'elle est trop en avance sur son temps (cela revient au même!).

"Avoir raison trop tôt, c'est finalement avoir tort", i.e le projet ne marche pas. C'est ma deuxième conviction et mon expérience perso des 10 dernières années.

cordialement
didier