Jean-Mercier
publie cette table pour nous donner l'historique du développement de Skype par rapport aux millions d'utilisateurs simultanés en pointe:
Le développement reste
très rapide: il n'a fallu que 3 semaines pour passer de 15 à 16 millions d'utilisateurs simultanés en pointe. Mais, il n'a plus les caractères de
record historique dans l'histoire industrielle que M. Meeker lui accordait dans la période de démarrage.
Om Malik dans
un récent billet très intéressant montre que Skype a désormais un problème paradoxal à traiter: il est victime de son succès!
Avec 405 millions d'utilisateurs inscrits qui génèraient en 2008 65 milliards de minutes gratuites Skype-vers-Skype et 8.5 milliards de minutes
SkypeOut (la majeure partie des revenus 2008 à 546 millions de dollars), il n'a qu'une solution: trouver plus d'utilisateurs pour grandir puisque le revenu par utilisateur reste constant voire décline lègèrement.
Mais, plus il trouve d'utilisateurs nouveaux, plus ceux-ci retrouvent leurs amis sur Skype et moins ils ont besoin de SkypeOut....
Je peux en témoigner personnellement: j'ai déjà expliqué mon utilisation massive de Skype en tant que (a)
télétravailleur frontalier pour parler en permanence via instant messaging (IM) et appels vocaux à mes "collègues quotidiens" et (b) employé d'un groupe international pour des
conférences téléphoniques intercontinentales avec mes "collègues plus éloignés".
La dernière utilisation en date qui se profile maintenant, c'est l'utilisation avec fournisseurs, partenaires et clients: l'IM associé à la fonction de gestion de la présence est vraiement idéal pour tisser des liens de collaboration très étroits.
En clair, l'utilisation de Skype explose chez Publicitas! Il a, pour moi et nombre de collègues, remplacé la majeure partie de nos communications téléphoniques traditionnelles avec des avantages de meilleure productivité (gestion de la présence) en bonus.
Il est clair que si c'est ainsi dans toutes les sociétés,
le syllogisme du gruyère ("plus y'a de gruyère, moins y'a de gruyère") est 100% valide pour Skype: plus il y ade Skype [gratuit par adhésion de nouveaux membres¨], moins il y a de Skype [payant par SkypeOut, destiné à atteindre les non-membres et pourtant
initialement lancé comme moteur principal des revenus de Skype]
A l'extrême du paradoxe, Skype qui aura au passage décimé les opérateurs de téléphonie classique, sera responsable de son propre hara-kiri: quand "toute la planète" sera sur Skype, cette société sera exterminée par son propre succès en détruisant toute source de revenus.
Une démonstration par l'exemple que l'économie du gratuit ne peut être une fin en soi: elle ne peut exister qu'en période de transition où un nouveau système, profitant des avancées technologiques qui créent un différentiel de prix, forge sa place en laminant les revenus des acteurs historiques ?
A terme, quand il a fait place nette, il doit ensuite retourner à un modèle payant lui permettant de vivre à long terme. Ne serait-ce pas la
"destruction créatrice" de Schumpeter dans sa version 2.0, i.e. adaptée à
"l'économie du gratuit" si âprement défendue par C. Anderson, déjà
père de la Longue Traîne?
NB: A 500 millions de dollars de chiffres d'affaires et face à un tel succès d'usage, c'est un problème qui reste finalement fort agréable à gérer pour Skype sauf peut-être si on est Ebay, la maison-mère, et que l'on avait mis des espoirs encore plus grands encore dans cette acquisition
fort coûteuse.
Source: blog
Media & Tech (par didier durand)