Il y a pour moi 2 niveaux dans le web 2.0 de contribution:
- les micro-contributions comme chacun des billets de nos blogs: chacune apporte sa petite pierre à l'édifice. La valeur unitaire de chaque contribution est infime mais additive et d'une certaine manière difficilement copiable par les Goliath du web qui ne veulent pas employer une "armée de fourmis" mais prospérer seulement sur la valeur dérivée par l'agrégation de ces millions de micro-contributions.
- les méta-contributions (méta -> contributions sur les contributions) comme les mashups: la valeur de chacune est cette fois multiplicative. Chaque mashup reprend en effet via les bases de données ouvertes par APIs des informations d'au moins 2 sources pour les croiser et produire de nouvelles données d'une taille proportionnelle aux données initiales (d'où la valeur ajoutée multiplicative)
Il peut donc être très tentant pour un offreur d'API comme Amazon, EBay, Google, Yahoo, Microsoft, etc... d'ouvrir le jeu via ses API puis "d'écrabouiller" celui des "mashupeurs" qui a du succès en mettant en action une équipe d'ingénieurs pour plagier et reprendre à son compte l'idée. Et ceci en un temps record car un "mashupeur" isolé peut rarement lutter seul contre les équipes d'un grand...
Ce n'est pas la méthode la plus "fair" mais elle est pratiquée.
L'autre méthode consiste à acheter le "mashupeur" créatif et son projet (Writely ou HousingMaps par Google, Webjay par Yahoo, StumbleUpon par Ebay, etc....)
Mais, il existe une 3ème voie qui est celle de montrer que l'on veut vraiment laisser vivre l'écosystème qui naît autour de ses mashups.
Google vient de donner 2 signes forts dans cette direction dans les 48 dernières heures:
- avec les Mapplets (tous les détails technologiques chez Zorgloob), il démontre qu'il veut laissant un espace vital aux mashups Google Maps qui ont du succès . Il va même un pas plus loin en leur assurant une vraie promotion par la possiblité d'apparaître sur la page officielle de Google Maps. Si on regarde la définition de Benoit Descary, on peut aussi considérer les mapplets comme des méta-mashups (mashup de mashups) où celui qui intialement facilite les mashups en tire finalement bénéfice en réintégrant leur valeur ajoutée sur son site propre. [Note: passer d'un mashup à une mapplet est une démarche volontaire - adaptations de son code nécessaire - qui est finalement une approbation explicite de ce principe de restitution de valeur ajoutée]
- il va continuer à partager pour maximiser la monétisation: à la récente conférence Where 2.0, Google a confirmé que l'extension des publicités cartographiques aux mashups était prochaine et que les revenus seraient partagés avec les auteurs de ces mashups. Selon Google Earth Blog: "Google also announced a new capability in Google Maps which will enable (coming soon) Maps API developers to designate content which can have ads. So, if you search a place, you may see Hotel placemarks which if clicked can bring up an ad. If the user clicks on the ad the Maps API creator can get Adsense revenue from this"
Ces règles instaurées depuis Mountain View vont devenir vitales (et modèles pour d'autres) pour "l'hygiène de la relation" entre davids et goliaths dans l'écosystème naissant du web 2.0
PS: Vous pouvez aussi arriver à la conclusion inverse à la mienne avec les Mapplets comme Benoît Descary ou Richard de Tapahont qui disent que "Google assassine les mashups avec ses annonces Mapplets et MyMaps". Dans ce cas, votre avis m'intéresse! Merci d'avance pour vos commentaires enflammés (et contradictoires...)
Source: blog Media & Tech (par didier durand)
3 commentaires:
Bonjour,
Très bonne analyses :-).
Si j'ai écris que Google assassine les mashups, je parlais en réalité de services existants comme Tinymaps réduit en service has been par MyMaps, et aux services qui proposaient les fonctions que Google a intégré.
Je pense comme vous que le fait de fournir des API grille la concurrence, pourquoi refaire ce qui est disponible ? Mais utiliser une API signifie une dépendance technologique. Dans le cas de TinyMaps par exemple, le travail des ingénieurs a été réduit en poussière par les équipes de Google.
Du côté des micro-contributions, l'idéal pour Google est quand même que l'utilisateur vienne alimenter SA base de donnée que celle d'un tiers. Je pense que c'est à ce niveau là que les mapplets interviennent.
Par exemple, il existe un mapplets "annonces immobilières", imaginez le nombres de sites web qui peuvent commencer à trembler.
Finallement, GooGle assassine pas les mashups, il les transforme en attrape startups.
Bonjour Didier,
Personnellement, l’un des problèmes que je perçois avec les services mashup, conçus avec les API de Yahoo, Microsoft et surtout Google, est que l’entreprise qui le réalise ne possède pas la propriété de la technologie utilisée.
En tout temps, si Google ou autre géant de ce type décide de changer sa politique d’utilisation des API ou de reprendre une idée et de l’exploiter lui-même, les services tiers qui basent leur développement sur des mashups peuvent se retrouver en difficulté.
Par exemple, en novembre dernier, Google a acquis JotSpot. Or, plusieurs entreprises comme Jotxpert développaient des Wikis pour des clients qui utilisent JotSpot. Comme il n’y a plus de nouvelles inscriptions sur JotSpot, ces entreprises perdent des revenus et se voient forcées de réorienter leur offre.
La même chose pourrait bien se produire chez ceux qui construisent leur service autour des cartes de Google. Je ne suis pas de ceux qui pensent que Google est un épouvantable monstre. Mais lorsqu’un géant fait un faux pas, il peut sans le vouloir, ou même le remarquer, écraser quelques partenaires.
Bonjour Didier,
Concernant les écosystèmes que construisent les offreurs d'API, je reprendrai Amazon et Google :
Le systeme d'affiliation d'Amazon repose sur l'ouverture de leur catalogue, une part de leur CA est donc intimement lier a l'exploitation de leur API par leur communaute.
Pour Google, c'est different. En quete perpetuelle de nouveaux business models [BM], il est important voire primordial pour eux d'ouvrir autant que possible les portes de leurs 'labs', la meilleure facon de le faire etant de sortir des API. Ceci a pour consequence de 'liberer' non plus la seule creativite du personnel de Google, mais aussi celle de toute la communaute internet.
Il y a donc une difference dans les ecosystemes de Google et d'Amazon. L'existence d'un BM de la part de celui qui met a disposition l'API doit donc etre pris en consideration. Plus le BM est clair moins il y a de risque que son proprietaire ne viennent perturber votre business, son CA etant relie au votre.
Dans d'autre cas, on part un peu a l'aventure. On ne peut etre sur de rien avec les API de Google. Les API ne font qu'entrouvrir les portes des labos, les portes du marketing etant serieusement verrouillees.
Quelles sont les parades alors ?
Multiplexer les API ? Trop tard car Yahoo! Pipes va donner a tout un chacun l'outil (utlime ?) pour se creer son propre mashup.
On en revient alors a ta definition des mashup : la valeur ajoutée multiplicative. Peut-on alors qualifier TinyMaps de mashup, le service ne proposant qu'une foncitonnalite a l'API GoogleMaps ? Je ne pense pas.
Il faudra alors etre certain d'apporter une reelle valeur ajoutee a l'utilisateur pour ne pas se faire ecrabouiller par Google (ou Yahoo, pour ne pas les laisser en reste). Mais cette regle n'est-elle pas tout bonnement le principe de tout bon business ?
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