Cette tension sur la source principale de revenus (la publicité) est exacerbée par la récession actuellement vécue par la presse: les professionnels du contenu n'acceptent plus "l'effondrement des cours" de la publicité en ligne en partie catalysé par Google qui fait du "pay-per-click" à 98.9% le coeur (officiel - voir ce graphique) de son modèle de fonctionnement.
Mais, là où Google est incroyablement puissant, ce n'est pas parce qu'il impose des formes contractuelles "désagréables" [il "vide la baignoire" selon Emanuel] à ses partenaires AdSense dans des négociations tendues mais parce qu'il les fait accepter par le marché, les rend habituels tant aux utilisateurs internautes qu'aux annonceurs:
- il possède une part de marché colossale (et toujours croissante....) dans l'utilisation des moteurs de recherche: les dizaines de milliards de requêtes mensuelles sont autant de jalons plantés sur cette route vers le "tout pay-per-click"
- il fait de gros efforts pour devenir lui-même une destination de contenus sur laquelle il pousse son propre modèle publicitaire: Knol, 7 millions de livres scannés sur Google Books maintenant complétés par une première vague (d'autres à suivre, pour sûr!...) de magazines digitalisés eux-aussi
- son réseau AdSense est annoncé à plusieurs centaines de milliers de sites partenaires: il laboure donc en profondeur la Longue Traîne de l'UGC par une adhésion simplistique à son réseau d'affiliation publicitaire en quelques clics. En plus, il ne demande même plus d'exclusivité....
- son réseau d'annonceurs tant convoité par Microsoft et Yahoo était déjà estimé à 400'000 annonceurs il y a 30 mois : vraisemblablement un chiffre en millions à ce jour....
Donc, sans aucune méthode coercitive mais "par l'exemple", il restructure progressivement le marché publicitaire en l'inondant de la forme unique qu'il veut voir adopter.
C'est très certainement par cette forme de sape structurelle à long terme qu'il peut générer aujourd'hui beaucoup de soucis chez les éditeurs:
- il n'est pas nécessairement leur régie publicitaire online impérative
- mais il accélère sans répit leur évolution darwinienne en maximisant la présence de nouveaux mécanismes publicitaires (donc financiers....) très sélectifs (pas de clics, pas de revenus!...) sur le terrain convergent du Media Unique qu'est l'Internet.
Mais le revers de la médaille est clairement similaire à l'ambition des banquiers Lombards au Moyen-Age, rappelée par Emanuel: "l’enjeu c’est le pouvoir, celui qui contrôle les routes du commerce, filtre les échanges, les ponctionne, fixe les règles".
Eh bien, Google pave actuellement très solidement les (ses ?) autoroutes de l'information pour initialement en augmenter la fréquentation afin de mieux en contrôler les flux financiers en y imposant ses propres règles ensuite!
Même si le procès pour position dominante abusive dû au deal avec Yahoo a été évité à 3 heures près, on sent bien qu'il pourrait en poindre un autre à brève échéance....
PS (pour ceux arrivés jusque-là!) : j'insiste sur le mot "tiers" du titre: tout ceci se produit en utilisant le contenu généré par d'autres sans payer les coûts de sa création faite par d'autres! Hyper-malin, non ?....
Source: blog Media & Tech (par didier durand)
4 commentaires:
Tiens je vois un magnifique carré de pub au dessus de ce commentaire, avec une pub d'un annonceur haut de gamme...
Tu peux nous dire combien rapporte cette merveille?
Emanuel,
Le CPM de ce genre de choses (fournies par Google) est de 3$ env.
N.B.: je n'ai encore jamais touché la "fortune" que me doit Google via AdSense (c'est bloqué): mon but est d'expérimenter pas de m'enrichir. ;-)
il n'empêche que faire un effort pour éviter le monopole de google est la seule solution. Je dits ça et j'ai un compte gmail ainsi que google docs, j'utilise google analytics et google search. Mais je ne vois pas d'autre solution que cette effort.
Hello anonyme,
J'espère que le marché saura trouver un contrepoids à Google sans procès: ce serait sinon une sorte d'insulte à l'intelligence du reste du monde!
didier
Enregistrer un commentaire