Freenews rapporte les propos au Figaro de Stéphane Richard, DG d'Orange:
Les opérateurs peuvent-ils reprendre la main face à Apple ou Google ?
Oui, je le crois. C’est pour cela que j’ai invité le 8 octobre à Paris les patrons de Vodafone, Telefonica et Deutsche Telekom. Nous voulons réfléchir en commun à la création d’un système d’exploitation, qui est le cheval de Troie utilisé par les Google et autre Apple pour établir leur propre relation avec nos clients. Nous militons pour le monde le plus ouvert possible. À nous quatre, nous pesons près d’un milliard de clients et avons une vraie force de frappe et capacité d’influence sur l’industrie. Cela peut prendre diverses formes : une société commune, petite usine à applications communes, nous allons voir… Nous ne voulons pas être des suiveurs mais reprendre les rênes dans l’innovation.En effet, Google via Android et Apple via iPhone façonnent actuellement le marché mobile totalement nouveau:
- ils définissent, conçoivent puis commercialisent leurs combinés sans demander réellement leur avis aux opérateurs mobiles historiques. Auparavant, ceux-ci travaillaient main dans la main avec Nokia, Ericsson & co pour définir notre prochain téléphone en faisant bien attention à ne pas "se tirer une balle dans le pied" en innovant trop vite ou dans des directions dangereuses pour leurs flux de revenus. Les nouveaux combinés ont donc des objectifs très différents: être les plus innovants et riches pour accélérer notre vitesse de renouvellement (Apple), nous faciliter l'utilisation de l'internet pour la maximiser et donc optimiser les revenus publicitaires (Google).
- ils ont ouvert le marché: les kits de développement sont peu coûteux (Apple) voire gratuits (Android). Tout individu qui possède un peu d'originalité et quelques talents programmatiques peut devenir développeur pour participer à cette nouvelle ruée vers l'or...(..dinateur dans notre poche de jeans) sur laquelle Eric Schmidt suggère de veiller "comme le lait sur le feu".
- ils ont facilité la commercialisation par ces applications: Appl App Store et autre Android Market. Pour Apple, chaque téléchargement rapporte 30 cts mais il s'agit surtout de vendre toujours plus de combinés même si à 40% cela devient dangereux. Pour Google, il s'agit de créer un maximum d'applications au plus vite: la plupart d'entre elles sont gratuites. Et alors, vers qui se tournent les développeurs pour les monétiser via la publicité ? ;-)
- ils ont capturé la relation de facturation de manière partielle mais croissante encore pour de nombreuses années: les acheteurs d'applications payent directement Apple qui reverse ensuite 70% (idem pour Google) aux développeurs. L'opérateur n'est plus le vecteur de ces transactions sur lesquelles il pouvait directement se commissionner sans devoir chercher des rétributions indirectes toujours fragiles...
- ils ont fait disparaître la relation de support: la palette d'applications est tellement large que les utilisateurs se débrouillent désormais en majeure partie via les forums Internet, etc. pour réparer leurs problèmes: les centres d'appel sont maintenant incapables de régler les problèmes dans cette multitude d'application et ne souhaite d'ailleurs pas le faire.
- Ils ont tué la majeure partie des services à forte valeur ajoutée (donc à forte marge) : l'intégration de puces GPS dans les combinés a désintégré la manne potentielle des services de géolocalisation, les applis VoIP à la Skype sur mobile s'en prennent même aux communications vocales juteuses à (roaming) ou vers l'étranger.
La tactique actuelle des forfaits "tout compris" n'est que maladroitement défensive : elle tente de protéger les revenus actuels mais ne constitue pas une direction stratégique viable pour assurer la profitabilité et la croissance de ces fleurons boursiers d'hier et d'aujourd'hui. Comment construire demain sur des fondements aussi ténus?
Google voulait initialement aider ces opérateurs face aux fabricants par sa stratégie derrière Android: il ne peut pas les mettre en difficulté car sa prospérité publicitaire dépend de leur propre viabilité. Cette réaction démontre-t-elle qu'il y a "un os dans le potage" dans la vision de Moutain View ? La ré-intermédiation (cf celle de la presse) n'est pas une situation inconnue pour Google qui a d'ailleurs celle de la TV en ligne de mire....
Source: blog Media and Tech (par didier durand)
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