J'ai déjà abordé la relation "amour - haine" entre Google et les éditeurs / journalistes. Elle est cristallisée par Google News et Google Books (ex-Google Print). On a même vu la World Association of Newspapers créer un groupe de travail pour "faire payer Google" et il y a bien sûr des procès en cours. (Celui de l'AFP court aussi toujours)
Mais, finalement, quand la corporation est pragmatique, pour ne pas se priver de l'effet "booster" de Google News, elle tente d'utiliser à son avantage le fait que Google (comme les autres moteurs de l'Internet) sont les "aiguilleurs du ciel" de l'Internet car ils pilotent une partie colossale de son trafic.
En effet, N. Carr pointe vers un article du Wall Street Journal qui indique les directives données à certains journalistes:
"The Times of London, owned by New York-based News Corp., is training journalists to write in a way that makes their articles more likely to appear among Google's unpaid search results. "You make sure key phrases and topic words are embedded in the top paragraph and headlines," says Zach Leonard, the paper's digital-media publisher."
On "entraîne" donc les journalistes à rédiger leurs articles à la sauce Google en plaçant les mots essentiels de l'article vers son début pour être conforme aux algorithmes de Google News (voir le brevet déjà discuté) qui caractérise les articles en donnant un poids supérieur aux mots en tête de texte.
C'est le moyen de base pour faire levier sur Google News où l'on est dans le contenu "temps réel" qui n'est pas encore hyperlinké par des sites externes.
Par contre, pour les recherches rétrospectives par les internautes sur du contenu plus ancien intégré au "grand index du Web" de Google, il est un aspect essentiel sur lequel les rédacteurs ne peuvent agir (directement) alors qu'il est la partie essentielle de l'algorithme Pagerank de Google: ce sont les hyperliens par d'autres.
Là, une seule solution: être bon (et/ou célèbre....) pour que d'autres créent des liens vers la page afin de lui faire monter son Pagerank.
C'est aussi toute la problématique ("les vedettes inévitables") de la Longue Traîne de la blogosphère que j'ai déjà évoquée...
PS: pour travailler dans le monde des médias, j'aimerais bien voir la réaction des journalistes "traditionnels" quand on porte atteinte à leur sacro-sainte liberté d'expression rédactionnelle par un style d'écriture contraint par des règles technologiques. Avec certains, cela doit donner des réunions de rédaction "pleines d'ambiance".
Source: blog Media & Tech (par didier durand)
3 commentaires:
Didier,
Bizarre de lire ces directives aux journalistes, ça me rappelle un "vieux" billet, j'aurais pas cru être si en avance :-)
Jean-Marie
Et si finalement la contradiction n'était qu'apparente. Construire un titre et le chapô d'un article en y faisant figurer toutes les notions essentielles et les mots correspondants, n'est-ce pas une manière d'attirer le lecteur et de l'inciter à lire en lui expliquant clairement de quoi il est question dans le papier.
Marginalement, le soin apporté à la satisfaction des "besoins" des moteurs de recherche peut conduire à des lourdeurs ou platitudes. Mais il existe tellement de titres allusifs qu'on les survole sans même savoir de quoi ils parlent.
Le kiosque à journaux à ses contraintes, les éditeurs le savent. Les moteurs de recherche ont les leurs. C'est dans l'exploitation et le dépassement des contraintes que surgit le talent. Un souvenir personnel, celui du pataquès créé après l'introduction d'un ours dans les Pyrénées. Sur le site web de RFI, nous avions titré "Des ours mal lachés". Bon titre, je crois et efficace pour les moteurs de recherche. Ca doit donc être possible.
Philippe Couve
http://www.samsa.fr/
Bonjour Philippe,
A la lecture de votre commentaire, je dois admettre que vous avez raison: le style journalistique classique et celui favorable aux moteurs sont finalement très proches.
Et comme vous le dites, cela n'empêche pas le talent de surgir
PS: très drôle "l'ours mal lâché"!
didier
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