mardi, août 29, 2006

Netvibes, YouTube, etc...: comment trancher le noeud gordien communautaire pour les startups du web 2.0?

2 billets (très courts) me font pas mal réfléchir ces jours-ci sur la manière de gérer (financièrement) de manière correcte une société du web 2.0 sans "passer la ligne jaune" dans la composante communautaire (la fameuse "intelligence collective" ou "sagesse des foules" - voir aussi Wikipedia ci-dessous en fin de billet) d'un tel service:
  • Le premier sur JasonBlogs à propos de l'introduction des placements publicitaires sur YouTube: "Now that YouTube accepts payment for promoting videos to the homepage and creating custom channels and profiles, can they be trusted? How long will it be until they decide to accept payment for top placement in search results? And once that happens is the site no longer run by the community?"
  • Le second sur le blog d'Henri Labarre: "Citation de Tarik Krim, issue de l’article de International Herald Tribune sur Netvibes. “I am not worried about revenue right now, I am concerned about the user experience,” Krim said. “Once users are happy, I am sure the revenue model will make itself clear.” Je ne sais pas si les ventures capitalists sont rassurés maintenant!
Les 2 posent à mon avis la même question: comment pour les start-ups du Web 2.0 trancher le noeud gordien de la contribution et de la confiance de leurs communautés respectives pour basculer vers une société viable et profitable ?

Cette communauté est souvent le contributeur très majoritaire (par rapport à la start-up elle-même) pour la création (vidéos chargées sur YouTube par ex.) et l'organisation (tagging, ranking, commentaires, etc...) du contenu qui rassemble tout ce petit monde.

Or, les startups ont des frais à couvrir (voir YouTube et ses frais de réseau) : elles font donc appel à l'argent des venture capitalists. Ceux-ci ne sont pas des mécènes philanthropes: ils veulent - au plus vite - un retour sur investissement à multiple fort.

C'est là que la situation inextricable naît: la communauté sélectionne et fait émerger des contenus d'auteurs / producteurs qui sont différents de ceux qui sont prêts à payer beaucoup.

A partir de là, comment fait-on ?
  • on donne la priorité au contenu commercial et la communauté fuit car elle n'est plus écoutée et se sent même bafouée...
  • on garde la communauté en tête de liste mais on ne reçoit plus l'argent publicitaire?
Un vrai dilemme du web 2.0 pour lequel nous n'avons pas encore la réponse (i.e les bonnes recettes) car tout ce mouvement est trop jeune.

Il y en a un qui a clairement tranché le sujet: c'est Craig Newmark, le fondateur de Craigslist. Dans cet interview de JM. Billaut, il réaffirme que c'est pour ne pas avoir à se trouver en porte-à-faux par rapport à sa communauté qu'il a toujours refusé les dollars du capital-risque (.... et qu'il est finalement nettement moins riche qu'il aurait pu l'être sachant qu'il subtilise plus de 500 millions de dollars chaque année aux éditeurs!).

Les bons modèles d'affaires du web 2.0 selon vous, c'est quoi? Moi, je sèche un peu...

Merci de vos idées et commentaires sur le sujet: comme pour le géoportail, je ferai un billet de vos réflexions (si la matière est suffisante).

Rappel de la définition du Web 2.0 Wikipedia:

" ...
Les partisans de l'approche Web 2.0 pensent que l'utilisation du Web s'oriente de plus en plus vers l'interaction entre les utilisateurs, et la création de réseaux sociaux rudimentaires, pouvant servir du contenu exploitant les effets de réseau, avec ou sans réel rendu visuel et interactif de pages Web. En ce sens, les sites Web 2.0 agissent plus comme des points de présence, ou portails web centrés sur l'utilisateur plutôt que sur les sites web traditionnels.
...
il est généralement admis qu'un site Web 2.0 doit montrer certaines caractéristiques :
  • Le site ne doit pas être un jardin secret, c'est à dire qu'il doit être aisé de faire rentrer ou sortir des informations du système ;
  • L'utilisateur doit rester propriétaire de ses propres données ;
  • Le site doit être entièrement utilisable à travers un navigateur standard ;
  • Des aspects de réseaux sociaux.
...

Utilisation des étiquettes, plus d'un système de pondération généralement défini par un facteur humain (le côté social) pour mettre en valeur les articles intéressants dans des systèmes d'informations, typiquement des répertoires de blogs. (Social Bookmarking en anglais).

L'étiquettage permet un tri préalable des articles recherchés et soit le nombre de références, soit un note donnée par les lecteurs crée l'ordre d'apparition des articles.

...."


Source: blog Media & Tech (par didier durand)

15 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu poses ici la vraie question! En terme de business model j'ai pour ma part noté :

-La publicité pour les gros sites US
-La vente de services plus (plus d'info, de l'espace disque suplémentaire,...) comme feedburner, flickr,...
-Aucun business model mais un objectif de revente à un poids lourd comme del.icio.us
-Aucun business model et une mort assurée dans les prochains mois (75% des start up 2.0)

Après comme toi je sèche...

Anonyme a dit…

Je maintiens que le Web 2.0 sera financé par le marketing direct et plus généralement le ciblage publicitaire (et comportemental). Netvibes et YouTube ne suivent pas cette voie mais leur choix n'est pas représentatif. C'est Yahoo qui est le plus avancé sur le sujet.

Bref le quatrième pilier = le marketing direct trop souvent oublié alors que tout le monde oublie que les performances de la pub dasn un environnement communautaire sont médiocres.

Anonyme a dit…

Emanuel, Henri,

Merci de vos réponses rapides

-> Henri: moi, aussi je pense que la revente rapide est le modèle visé par beaucoup

-> Emanuel: quel forme de marketing direct svp ? Merci de plus de précisions

cordialement

didier

Anonyme a dit…

Par marketing direct j'entends la capacité de proposer des offres commerciales ou de services ciblées. Le corollaire du Web 2.0 étant l'expression des utilisateurs et leur profiling, le marketing direct est la forme ciblée d'action publicitaire qui lui correspond.

Par ailleurs concernant le postulat (à la fin) des utilisateurs qui seraient propriétaires de leurs données je me demande bien d'où sort cette assertion alors que précisément la plupart des sites Web2.0 établissent de façon informelle ou non un contrat de cession des drotis d'exploitation du contenu. C'est donc le postulat exactement inverse qui correspond à la réalité. A mon avis

Anonyme a dit…

Bonjour Didier,

Je n'ai malheureusement pas d'idées bien précises... Je suis certainement limité par ma vision technique du phénomène, mais le sujet est passionnant.

Du coup, je me réfugie dans l'analyse de joel de Rosnay lorsqu'il écrit:

«Le développement d’Internet rappelle certains des principes fondamentaux mis en oeuvre par l’évolution biologique. La compréhension des phénomènes d'émergence est à rechercher du côté des processus de construction de systèmes complexes plutôt que dans l'analyse de leurs constituants. [...] La leçon que nous apporte la biologie est la suivante : la complexité émerge de la dynamique des interactions entre agents, qu’il s’agisse de molécules, de fourmis ou d’acheteurs dans un marché. Des propriétés nouvelles émergent de cette collectivité organisée. L’individu n’a pas de plan d’ensemble de la structure qu’il construit “de l’intérieur”. Les propriétés de ces systèmes complexes ne sont en aucun cas programmées dans les éléments qui les constituent. La vie, la conscience réfléchie, l’économie, Internet, naissent de manière chaotique, de la dynamique des interactions...»

Source (fin du dernir chapitre):
http://www.pronetariat.com/livre/

Mais si nous manquons de visibilité, le potentiel des "infomédiares" augmente de jour en jour; les mieux organisés pourraient se regrouper pour favoriser l'interaction ancien et nouveau monde... (sous la forme de micro-entreprises)

Prenons l'exemple de la grande distribution, une industrie certes puissante, mais incapable de s'adapter; les infomédiaires entrent en scène, ave de nouveaux outils (dernier en date, le geotaging de yahoo >> http://www.techcrunch.com/2006/08/28/flickr-to-launch-geo-tagging-today/

Grâce aux infomédiares, la grande distribution pourrait varier son marketing (distribution de propectus) par les recettes du Web 2.0....

Ce modèle doit pouvoir s'appliquer à tous les puissants souhaitant "collaborer", et profiter des joies du nouveau monde:) Tout ça se paye... (l'ancien monde financera les services...) d'où un modèle économique simple.... On n'ennuie pas les internautes (toujours maître de ses choix... libre à lui d'aller pêcher la dernière réduction proposée à l'aide des outils web 2.0... photo du TV dernier cri sur Flick, localisation du magasin sur Yahoo mpas, etc, etc)....

Mais bon... Sorry pour mes divagations :)

Anonyme a dit…

bonsoir,
les business models autour des services web 2.0... Pour le moment les seuls avec un modèle économique pertinent, dès leur création, sont les sites qui proposent des services aux professionnels, et non aux particuliers. Pour les autres, nous retombons sur le problème de la rentabilité des sites communautaires à forte audience qui, comme tu le soulignes, ont des coûts élevés.

Anonyme a dit…

pour les sites de video tels youtube dailymotion, si la pub fait son intrusion, je pense que cela sera par le biais d une courte seance pub en intro de toutes les videos (on le voit deja bcp aux US), à la maniere de spot de bouytgtel sauf que cela sera insere en entree de video. afin de contourner la reaction negative des internautes, les videos ne doivent pas etre calssees en fonction de si elles sont ou non sponsoriséees, enfin, je crois qu'un partage des revenus avec les internautes qui postent des videos qui sont vues par les autres internautes devrait engendrer l'arrivee sur ladite plateforme de nouvelles videos postees par des internautes qui souheitent monetiser leur travail, au detriment donc des autres plateformes qui ne proposeront pas cette remuneration..ca n'est que mon point de vue...
Pour ce qui est d un service comme netvibes....je crois qu'il ne faut pas croire ce que dit tariq krim lorsqu'il dit ne pas se soucier des rentrees d'argent? Je serais tres tres etonne qu'avec l'arrivee de chappaz et consors dans son board, il puisse en interne tenir ce discours. je crois au contraire que ces personnes sont la justement pour aider netvibes a trouver une bonne solution pour se financer et qu'ils reflechissent bcp sur ce point. Que vont ils faire, que peuvent ils faire ?? Moi je les vois bien monetiser une presence dans leur ecosysteme plus que sur la page netvibes en elle meme.. l ecosysteme n'est pas vu toute la journee par les utilisateurs, c'est leur homepage netvibes qui l'est , donc la presence de pub dans cet ecosysteme sera moins mal vue que si la pub arrivait sur les pages netvibes des utilisateurs.

j'ai bien mon idee mais je la garde pour moi ....peut etre un business a mettre en place derriere.. faut que j'etudie cela.

Anonyme a dit…

Je me permets de soumettre un lien connexe, sur la survie des sociétés Web 2.0 :
http://s.billard.free.fr/referencement/index.php?2006/08/31/274-scepticisme-20 (Surtout le propos de Tom Foremski)

Anonyme a dit…

Sébastien,

Je viens de lire: très intéressant ce Tom Forenski!

merci

didier

Anonyme a dit…

Bonjour Franck,

On va suivre les modèles de fonctionnment de Webwag avec grand intérêt et dès aujourd'hui

A bientôt!

didier

Anonyme a dit…

A Bonjour,
Avec un écran en 1280*1024, je suis obligé d'utiliser l'ascenseur horizontal sur la page d'accueil de webwag.com !
Quel dommage...
A première vue, j'ai du mal à distinguer ce qui démarque fondamentalement ce site des autres aggrégateurs de contenu.

Anonyme a dit…

La présence de publicité peut ne pas poser de pb.
Elle ira pas forcément à l'encontre de la communauté.
ça peut se faire sans contournement de leurs avis collectifs.

Cf google pour une cohabitation réussie de la pub et d'un contenu pertinent.
Il suffit de signaler ce qui relève de la pub et de ne pas le meler, donc de ne pas créer la confusion.
Sinon oui y a manip de la communauté.

Anonyme a dit…

Bonjour Xavier,

D'accord avec cela: la publicité bien faite ne gêne pas.

Mes inquiétudes sont plus sur le "paid placement" qui ne va en général pas bien avec la promotion/sélection des contenus organisée par la communauté

bonne journée

didier

Anonyme a dit…

Cet article est déjà bien vieux mais je viens seulement de tomber dessus.

Probablement qu'aujourd'hui, on ne limite plus le "web 2.0" au Contenu Généré par les Utilisateurs. En tout cas, la question reste d'actualité et j'essaie d'y répondre sur mon blog :
http://manu.seemy.fr/blog/2007/08/Les-nouveaux-modeles-economiques-du-Web-2.0---14--Internet-en-tant-que-plateforme-2556
(je mets les autres articles en ligne dans les prochains jours vu qu'ils sont déjà écrits...)

Anonyme a dit…

Un excellent billet d'Olivier Ertzscheid d'affordance Info apporte un éclairage sur la question de la monétisation du web social.
Le titre du billet: "Google est le webOS. Le WebOS est Google." http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2007/11/google-est-le-w.html
Pour le dire autrement: Google, le gentil géant ressemble beaucoup à un ogre à l'appétit sans limite.