samedi, janvier 12, 2008

Cloud Computing: le paradoxe pour Sun et les constructeurs informatiques

Amazon avec S3 et EC2 a ouvert la voie du "cloud computing". Microsoft a emboîté le pas et la rumeur court que Google se prépare à offrir des services similaires.

Le "cloud computing" (i.e. "traitement dans le nuage"), kesako ? C'est le fait de ne pas posséder d'ordinateurs / stockage chez soi mais de les louer à la consommation chez un prestataire comme Amazon pour exécuter ses traitements à la demande. Tout cela se passe à travers Internet pour un accès direct, efficace et simple (cf. EC2 et S3)

Les avantages? Peut-être une réduction des coûts mais surtout une grande agilité pour le client: il n'a pas d'infrastructure à entretenir et peut donc utiliser à chaque fois une capacité totale différente correspondant strictement à son besoin de l'instant. L'économie sur les coûts provient clairement de l'échelle à laquelle travaille le prestataire: il automatise et mutualise les achats, les RHs, etc... à un niveau qu'une entreprise standard ne peut jamais espérer.

Comme le pense Jeff Bezos, le boss d'Amazon, cela permet une startup de conserver 70% de ses ressources en ne faisant pas ces activités de "quincaillerie" qui ne la différencient aucunement sur le marché!

Mais, après les startups qui vont montrer le chemin, ce sont les grandes entreprises qui feront réellement croître ce marché du "cloud computing".

Or, abandonner (même progressivement...) ses centres de traitement pour les transférer vers un prestataire à travers Internet est un mouvement risqué: on n'est plus du tout dans le cas d'un contrat d'outsourcing informatique chez un prestataire "physique". Ici, les traitements du client s'exécutent dans un environnement totalement virtualisé où il est impossible de lui montrer "ses" machines et "ses" équipes dédiées.

Pas simple alors pour un CIO / directeur informatique de prendre une telle décision de "cloud computing" global.

Il faut des pionniers. Eh bien, c'est paradoxalement un constructeur informatique qui s'y lance en premier: Brian Cinque, l'architecte des centres informatiques de Sun annonce que d'ici à 2015 Sun aura fermé tous ses centres de calcul pour virtualiser le 100% de ses ressources informatiques centrales en mode "cloud computing" chez des tiers.

Pourquoi c'est paradoxal ? Parce que cela peut surprendre qu'un constructeur d'ordinateurs soit parmi les pionniers à vouloir se débarrasser chez lui de sa propre quincaillerie...

Pourquoi est-ce nécessaire?
  • Parce que (accessoirement vu les 2 arguments qui suivent), cela produira des économies
  • Parce que, vu le risque encouru, il faudra des références solides pour faire basculer les décisions de directions informatiques / générales. Sun MicroSystems est 187ème dans le célèbre classement Fortune500. C'est donc une référence de poids!
  • Parce que les Amazon, Microsoft, Google et autres futurs concurrents à venir vont chercher des partenaires solides pour développer leurs plates-formes "cloud computing" à des échelles inconnues jusqu'à lors. Qui sera alors mieux placé que le constructeur qui se sera déjà appliqué (avec succès) la recette à lui-même: il aura développé toute l'expertise nécessaire!
Sur le dernier point, c'est du sérieux: Google gère déjà 1 million de serveurs, Yahoo et Microsoft vont dans les mêmes traces. Sans même parler croissance du besoin (qui viendra pourtant par la commercialisation des services "cloud computing" par les 3 grands) mais par simple renouvellement tri-annuel, on parle donc déjà d'un marché colossal!

A une époque, Sun nous vendait le slogan "The network is the computer". Maintenant, gageons que la nouvelle devise va sûrement être "The network is the data center"!

[Via N. Carr]

Source: blog Media & Tech (par didier durand)

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Tu aurais pû ajouter l'offre d'hébergement de Gandi, même si en matière d'hébergement l'outsourcing est plus courant.

Clément a dit…

Si je comprend bien il s'agit un peu de "location de puissance" comme on louerais une bête voiture ?

Je suppose que les entreprises qui proposent ce type de service vont disposer de puissances de plus en plus importantes, et que ces offres seront donc de plus en plus interessantes pour les grands comptes car ils auront alors la possibilitée de disposer d'une puissance énorme sur une durée réduite, ce qui est interessant je pense pour une entreprises qui aurais besoin de besoins énormes en termes de calculs mais sur des périodes restreintes.

Didier Durand a dit…

Bonjour Benoît,

Ce que je connais de Gandi: c'ets un hébergeur standard (hosting + dns)

Je ne vois donc pas en quoi il ressemble à la démarche que j'évoque ici, beaucoup plus "pointue". Merci d'avance de tes précisions

didier

Didier Durand a dit…

Salut Clem,

100% juste!

a+

didier

Anonyme a dit…

Gandi propose depuis quelques mois une offre d'hébergement virtuel sous Xen. Elle permet d'affecter des ressources dynamiquement. Ce n'est pas du Cloud mais c'est différent de l'hébergement classique.

=> Hebergement evolutif chez Gandi

=> www.gandi.net/hebergement/

Anonyme a dit…

Tout ça est très intéressant; mais quelle sera la réaction à un événement touchant l'hébergeur? La société The LinkUP a en effet perdu, à la suite d'un dysfonctionnement majeur – qualifié du «pire des scénarios possibles» par le directeur de The LinkUp - , 45% des données de ses utilisateurs...
http://expert.01net.com/expert/post/20080812/Tempete-dans-le-nuage-ou-quand-le-cloud-computing-se-casse-la-figure

Didier Durand a dit…

Bonjour anonyme,

Merci pour l'info: je ne connaissais pas l'histoire Linkup citée.

Ceci dit les catastrophes arrivent partout: même dans les grandes entreprises. Seule différence: il leur est plus facile de le cacher.

La solution: ne pas aller vers le cloud computing (comme l'outsourcing) tant que le contrat de service ne garantit pas ce que l'on veut voir garanti.

cordialement
didier