Article repris de mes publications sur ZDNet.fr : Article repris de mes publications sur ZDNet.fr :
Source: blog Media and Tech (par didier durand)
Transformation
digitale des « majors » : catalysée par l'hémorragie
des compétences mainframe ?
Une
hémorragie de compétences est prévisible à 3 ans pour le monde
des mainframes alors que ces machines représentent toujours l'épine
dorsale numérique des plus grandes entreprises. La transformation
technologique incrémentale ne doit-elle pas être la première étape
de la transformation numérique de ces entreprises pour mettre leur
propriété intellectuelle compétitive en sécurité ?
Deux chiffres s'opposent dans une récente étude de la société
américaine Compuware qui édite des logiciels pour mainframes :
89 % des répondants reconnaissent que la propriété
intellectuelle intégrée dans le code source des applications
fonctionnant sur ces machines est un atout / un capital à protéger
alors que 70 à 80 % des effectifs mainframes vont partir en
retraite dans les 3 ans. L'étape de « transcodage
technologique » des transformations digitales en route au sein
de certaines entreprises majeures serait-elle la bonne résolution de
ce paradoxe ?
En
effet, les mainframes ont fait les beaux jours d'IBM en étant, il y
a 2 ou 3 décennies, les systèmes informatiques critiques, “l'épine
dorsale numérique”, de toutes les grandes entreprises de
l'industrie ou du tertiaire.
Ils
sont encore incontournables dans toutes ces organisations publiques
ou privées majeures, en particulier dans le monde financier: l'étude
Compuware qui vient de sortir fait ressortir que 88% des CIOs / DSIs
des 350 entreprises mondiales de 10'000 employés et plus interrogés
disent que le mainframe restera un élément vital de leur
informatique dans la décennie à venir. Ce chiffre corrobore des
données récentes d'IBM : 30 milliards de transactions
concernant des achats boursiers, des transferts de fonds, de la
gestion de production industrielle sont exécutés quotidiennement
sur les mainframes situés dans les 96 des 100 premières banques
mondiales, les 23 des 25 premiers distributeurs US, les 9 des 10
premières assurances mondiales, etc.
Et très
paradoxalement, ces CIOs déclarent aussi à Compuware que 70 à 80%
de leurs effectifs liés au mainframe vont partir à la retraite dans
les 3 prochaines années et qu'une bonne partie d'entre eux
pourraient de toute façon déjà y être ! 39 % de ces
responsables admettent enfin ne pas avoir de plan de remplacement
effectivement prêt pour traiter cet état de fait.
C'est
d'autant plus embarrassant que les étudiants en informatique sortant
des universités ne se bousculent pas pour occuper ces futurs postes
vacants : le monde du cloud computing et celui des archictectures
distribuées sont beaucoup plus attractifs actuellement car ce sont
les seules architectures utilisées par les “gorilles” du web
(Google, Facebook, Amazon, etc.), icônes de l'industrie informatique
actuelle. Les gros monolithes des ères informatiques antérieures
n'attirent donc (plus) personne ! L'équation est simple : il ne se
vend que quelques milliers de mainframes chaque année alors que plus
de 10 millions de serveurs x86 sont acquis et installés dans le même
laps de temps.
Que
faire ? Attendre en espérant une recrudescence (improbable...) de
vocations autour de ces systèmes conçus pour une autre ère de
l'information où le buzz ne se faisait par autour de mots comme
Hadoop, Docker, micro-services, Big Data, DevOps, etc. ? Ou prendre
le taureau par les cornes pour tenter de quitter l'impasse.
Ce
n'est d'ailleurs pas une impasse mais plutôt une tour d'ivoire dans
laquelle ces mainframes sont enfermés depuis trop longtemps : il
faut casser les murs de cette tour pour en intégrer son otage avec
les autres serveurs du système afin de pouvoir préparer un
transfert progressif de ses activités vers les nouvelles générations
de matériel.
Et là,
la politique de la “terre brûlée” est la plus mauvaise idée :
il faut définir des plans de transition très incrémentaux donc
sans risque dans lesquels le fonctionnel n'est pas impacté mais
simplement “transcodé” en mode iso-fonctionnel dans des
technologies adaptées aux nouvelles générations technologiques
afin de préserver la propriété intellectuelle et l'avantage qu'il
représente (cf les 89 % introductifs).
Cette
propriété intellectuelle “métier” de l'entreprise est ainsi
mise en sécurité de manière pérenne sur une plate-forme à
l'avenir garanti que ce soit sur le plan technologique comme sur le
plan des ressources humaines.
La
première étape de la transformation digitale que toutes les
entreprises traditionnelles majeures cherchent actuellement à
s'imposer devrait donc être celle d'une pérennisation par
transposition de leur propriété intellectuelle compétitive,
“gravée” dans les algorithmes mainframe par la génération qui
part à la retraite. Ensuite, la course à l'innovation destinée à
contrer tous les nouveaux acteurs du web qui dévorent tous les
marchés : l'agilité des processus et la fluidité inter-canaux
gagnées par la transposition technique peut être mise à profit
pour reprendre des parts de marché
Notre
expérience est que la transformation technologique n'est peut-être
pas l'étape la plus excitante sur l'agenda de tous les CDOs (Chief
Digital Officer) actuellement nommés à tour de bras par les grandes
entreprises. Elle est cependant un pré-requis à la transformation
organisationnelle / opérationnelle / commerciale induite par
l'adjonction de l' « Internet (mobile) à toutes les
étages » des processus qui est le Graal actuellement quêté
par tous ces CDOs.
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