mardi, juin 16, 2015

Transformation digitale des « majors » : catalysée par l'hémorragie des compétences mainframe ?

Article repris de mes publications sur ZDNet.fr :  Article repris de mes publications sur ZDNet.fr : 
  
Transformation digitale des « majors » : catalysée par l'hémorragie des compétences mainframe ?

Une hémorragie de compétences est prévisible à 3 ans pour le monde des mainframes alors que ces machines représentent toujours l'épine dorsale numérique des plus grandes entreprises. La transformation technologique incrémentale ne doit-elle pas être la première étape de la transformation numérique de ces entreprises pour mettre leur propriété intellectuelle compétitive en sécurité ?

Deux chiffres s'opposent dans une récente étude de la société américaine Compuware qui édite des logiciels pour mainframes : 89 % des répondants reconnaissent que la propriété intellectuelle intégrée dans le code source des applications fonctionnant sur ces machines est un atout / un capital à protéger alors que 70 à 80 % des effectifs mainframes vont partir en retraite dans les 3 ans. L'étape de « transcodage technologique » des transformations digitales en route au sein de certaines entreprises majeures serait-elle la bonne résolution de ce paradoxe ?

En effet, les mainframes ont fait les beaux jours d'IBM en étant, il y a 2 ou 3 décennies, les systèmes informatiques critiques, “l'épine dorsale numérique”, de toutes les grandes entreprises de l'industrie ou du tertiaire.

Ils sont encore incontournables dans toutes ces organisations publiques ou privées majeures, en particulier dans le monde financier: l'étude Compuware qui vient de sortir fait ressortir que 88% des CIOs / DSIs des 350 entreprises mondiales de 10'000 employés et plus interrogés disent que le mainframe restera un élément vital de leur informatique dans la décennie à venir. Ce chiffre corrobore des données récentes d'IBM : 30 milliards de transactions concernant des achats boursiers, des transferts de fonds, de la gestion de production industrielle sont exécutés quotidiennement sur les mainframes situés dans les 96 des 100 premières banques mondiales, les 23 des 25 premiers distributeurs US, les 9 des 10 premières assurances mondiales, etc.

Et très paradoxalement, ces CIOs déclarent aussi à Compuware que 70 à 80% de leurs effectifs liés au mainframe vont partir à la retraite dans les 3 prochaines années et qu'une bonne partie d'entre eux pourraient de toute façon déjà y être ! 39 % de ces responsables admettent enfin ne pas avoir de plan de remplacement effectivement prêt pour traiter cet état de fait.

C'est d'autant plus embarrassant que les étudiants en informatique sortant des universités ne se bousculent pas pour occuper ces futurs postes vacants : le monde du cloud computing et celui des archictectures distribuées sont beaucoup plus attractifs actuellement car ce sont les seules architectures utilisées par les “gorilles” du web (Google, Facebook, Amazon, etc.), icônes de l'industrie informatique actuelle. Les gros monolithes des ères informatiques antérieures n'attirent donc (plus) personne ! L'équation est simple : il ne se vend que quelques milliers de mainframes chaque année alors que plus de 10 millions de serveurs x86 sont acquis et installés dans le même laps de temps.

Que faire ? Attendre en espérant une recrudescence (improbable...) de vocations autour de ces systèmes conçus pour une autre ère de l'information où le buzz ne se faisait par autour de mots comme Hadoop, Docker, micro-services, Big Data, DevOps, etc. ? Ou prendre le taureau par les cornes pour tenter de quitter l'impasse.

Ce n'est d'ailleurs pas une impasse mais plutôt une tour d'ivoire dans laquelle ces mainframes sont enfermés depuis trop longtemps : il faut casser les murs de cette tour pour en intégrer son otage avec les autres serveurs du système afin de pouvoir préparer un transfert progressif de ses activités vers les nouvelles générations de matériel.

Et là, la politique de la “terre brûlée” est la plus mauvaise idée : il faut définir des plans de transition très incrémentaux donc sans risque dans lesquels le fonctionnel n'est pas impacté mais simplement “transcodé” en mode iso-fonctionnel dans des technologies adaptées aux nouvelles générations technologiques afin de préserver la propriété intellectuelle et l'avantage qu'il représente (cf les 89 % introductifs).

Cette propriété intellectuelle “métier” de l'entreprise est ainsi mise en sécurité de manière pérenne sur une plate-forme à l'avenir garanti que ce soit sur le plan technologique comme sur le plan des ressources humaines.

La première étape de la transformation digitale que toutes les entreprises traditionnelles majeures cherchent actuellement à s'imposer devrait donc être celle d'une pérennisation par transposition de leur propriété intellectuelle compétitive, “gravée” dans les algorithmes mainframe par la génération qui part à la retraite. Ensuite, la course à l'innovation destinée à contrer tous les nouveaux acteurs du web qui dévorent tous les marchés : l'agilité des processus et la fluidité inter-canaux gagnées par la transposition technique peut être mise à profit pour reprendre des parts de marché

Notre expérience est que la transformation technologique n'est peut-être pas l'étape la plus excitante sur l'agenda de tous les CDOs (Chief Digital Officer) actuellement nommés à tour de bras par les grandes entreprises. Elle est cependant un pré-requis à la transformation organisationnelle / opérationnelle / commerciale induite par l'adjonction de l' « Internet (mobile) à toutes les étages » des processus qui est le Graal actuellement quêté par tous ces CDOs.

Source: blog Media and Tech (par didier durand)

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