[Pourquoi moi: cela fait un certain nombre d'années que je baigne dans les services mobiles...]
Il s'agissait de définir les tendances technologiques sur lesquelles développer de nouveaux services mobiles chez les éditeurs à l'heure où le wifi (gratuit) devient "banal" et possible facilement depuis les derniers téléphones portables.
Il est reproduit ci-après. (Le fichier PDF original est accessible ici sur le blog de Publiconnect)
En 2006, les utilisateurs embarqueront dans leurs téléphones mobiles une masse de technologies inédites. Les éditeurs peuvent se concentrer sur des services sophistiqués et en adéquation avec la valeur ajoutée qu’ils savent apporter à l’information
L'encadré: les cinq points à retenir
- Pour pouvoir accéder au nouveau monde de l’Internet mobile, l’éditeur doit disposer impérativement d’une version de son site adaptée (taille d’écran, moyens de navigation, etc.) aux mobiles (téléphones, PDAs, etc.). Les technologies comme XML, CSS, etc. sont là pour le faire efficacement, en harmonie et cohérence avec l’accès PC traditionnel.
- Les lecteurs disposent d’une puissance de calcul « embarquée » impressionnante et de moyens d’interfaces (audio, vidéo, etc.) de la meilleure qualité. Il n’est plus besoin de diminuer la qualité de son contenu !
- Ces mêmes lecteurs n’auront bientôt également plus de limites techniques en termes de vitesse et volumes de transmission. En outre, cet accès deviendra gratuit ! Il est donc temps de penser à la diffusion mobile de contenus multimédia sophistiqués.
- De nouvelles formes d’interfaces émergent avec des systèmes de géo-positionnement (GPS) et des données cartographiques satellites omniprésentes. Les éditeurs doivent intégrer ce potentiel d’innovation distinctive dans la présentation des contenus locaux exclusifs dont ils disposent.
- Les lecteurs sont des reporters en puissance (équipés technologiquement). Laissez-les via leur mobile devenir votre agence de presse locale en temps réel.
L'article complet:
Durant les trois dernières années, les éditeurs actifs dans le domaine de la téléphonie mobile se sont concentrés sur le démarrage d’un dialogue (sous une forme basique pour ne pas créer de barrière) avec leurs lecteurs à travers la téléphonie mobile. Les services se sont basés sur les avantages intrinsèques de cette technologie : le SMS (instantané et bidirectionnel) est devenu le canal d’interaction avec le lecteur toujours connecté («always on»).
Le groupe Edipresse en Suisse mène cette stratégie avec beaucoup de succès depuis 2002. La recette est basée sur une palette initiale de services sms simples… donc simples à maîtriser pour tous les lecteurs, même ceux nés à une époque moins versée vers cette technologie !
Mais, maintenant, il semble que 2006 sera l’année 1 de l’ère des services de données avancés pour les éditeurs (et les concurrents…) car la technologie mobile est devenue « suffisamment bonne » pour supplanter un ordinateur ou des appareils spécifiques (appareil photo, lecteur MP3, etc.) dans de multiples applications. De plus, elle va les « bonifier » par ses qualités intrinsèques comme le « toujours connecté » déjà mentionné et l’aspect très personnel (1-to-1) de cet équipement
Les évolutions technologiques qui amèneront cette inflexion sont :
- Une puissance matérielle incroyable : la série N de Nokia (N90, N91…) embarque un processeur digne de PCs encore très récents, plusieurs Gbytes de mémoire, des optiques photographiques Zeiss de top qualité, une audio en stéréo et tout cela en moins de 200g. Donc, chaque lecteur va bientôt se promener en permanence avec son véritable ordinateur portable.
- Une très haute vitesse d’accès à l’Internet: les technologies propres aux opérateurs mobiles historiques (GPRS, EDGE, UMTS, etc.) sont vendues actuellement très cher aux abonnés pour un accès très surveillé («walled garden») aux services de données « maison» exclusivement ou presque. Elles vont être supplantées par la technologie Wifi publique plus rapide encore et offerte gratuitement aux abonnés pour un accès libre à 100 % de l’Internet. Les « walled gardens » des opérateurs mobiles sont donc en voie d’extinction !
Pratiquez le «mashup»
Google a montré la voie en devenant l’opérateur officiel Wifi gratuit de son berceau de Mountain View et en équipant l’aéroport d’Heathrow à Londres. Et ce ne sont que ses premiers pas : San Francisco est en vue ! A Paris, une initiative similaire émerge avec Ozone.
Cette technologie wifi initialement prévue pour les PCs est maintenant utilisable sur les téléphones dotés eux aussi de cette interface wifi (la série N de Nokia est à nouveau un exemple). Donc, le PC-téléphone portable dans la poche de chaque lecteur va de plus être connecté à très haute vitesse au site de l’éditeur.
En 2005, Le GPS était l’un des gadgets électroniques les plus recherchés : il commence à être directement intégré à des téléphones portables (Benefon en produit depuis 2001). Par ailleurs, les 3 grands (Microsoft, Yahoo, Google…) du Web 2.0 ont mis à disposition (là encore gratuitement) l’élément indissociable du GPS : les cartes et les photos satellites planétaires à très haute résolution, accessibles auparavant seulement contre des investissements en droits d’utilisation très importants. Ainsi, depuis le milieu de l’année sont nés des centaines de « mixages » (« mashup » est le terme anglophone consacré) de ces cartes avec d’autres sources de données : la BBC par exemple « géolocalise » ses news sur une carte du Royaume-Uni.
En direct de la blogosphère
Le site Google Maps Mania est une encyclopédie sur le sujet avec des centaines de références (parfois réalisées en quelques heures…) très stimulantes pour la réflexion stratégique sur le sujet ! Il rassemble en particulier des «mashups» spécifiques à des applications mobiles. Donc, l’éditeur peut dorénavant envisager des nouvelles formes d’applications basées sur une interface cartographique visuelle pour des services innovants « faisant levier » sur la multitude de ses données très locales. Il est clairement l’un des rares à en disposer pour sa communauté. Les pays nordiques, toujours pionniers, ont réalisé l’impact de la blogosphère et du journalisme citoyen (bénévole). VG (Norvège – Groupe Schibsted) utilise la nuée très dense de reporters dont il dispose pour capturer les scoops locaux les plus capillaires. En effet, il a mis en place un service mobile qui permet à chaque lecteur d’être en tout temps reporter (via un sms, un mms, une photo relatant un événement de la communauté locale). Ce sont actuellement 5000 à 8000 « dépêches locales » qui sont ainsi agrégées chaque jour (il faut deux rédacteurs pour les traiter !). Par quel autre moyen cet éditeur pourrait-il avoir une équipe de milliers de reporters interagissant avec lui en temps réel ? Ce fonctionnement renforce la qualité du journal/du site web dans ses aspects locaux et augmente aussi la fidélité des lecteurs qui ont un peu l’impression de « faire partie de la maison ».
En synthèse, 2006 marquera le début d’une ère où l’accès à l’Internet se fera de plus en plus par le téléphone mobile. On quitte l’époque technologique pionnière pour entrer dans celle où M. Tout Le Monde dispose d’une technologie suffisamment sophistiquée pour tout faire (ou presque…) depuis partout quand il le veut et sans même se rendre compte de toutes « les masses technologiques » qu’il met en action. Cette "commoditisation" de la technologie va donc ramener le pouvoir dans le camp des propriétaires de contenus originaux. La célèbre phase de Bill Gates de 1996 « Le contenu est roi » (« Content is King ») a déjà 10 ans mais c’est sûrement à partir de 2006 qu’elle va devenir criante de vérité dans le monde mobile !
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