vendredi, décembre 12, 2008

Google: la tyrannie publicitaire grâce à l'innondation d'informations (tierces) ?

Emanuel nous décrit la tension qui règne aux Etats-Generaux de la Presse: "Il y a encore six mois nous pensions y arriver, mais aujourd’hui, avec la crise actuelle, nous vous [Google] considérons comme notre pire ennemi », Pierre Conte, patron de Publiprint (Figaro)"

Cette tension sur la source principale de revenus (la publicité) est exacerbée par la récession actuellement vécue par la presse: les professionnels du contenu n'acceptent plus "l'effondrement des cours" de la publicité en ligne en partie catalysé par Google qui fait du "pay-per-click" à 98.9% le coeur (officiel - voir ce graphique) de son modèle de fonctionnement.

Mais, là où Google est incroyablement puissant, ce n'est pas parce qu'il impose des formes contractuelles "désagréables" [il "vide la baignoire" selon Emanuel] à ses partenaires AdSense dans des négociations tendues mais parce qu'il les fait accepter par le marché, les rend habituels tant aux utilisateurs internautes qu'aux annonceurs:
En faisant ainsi dramatiquement grossir l'inventaire du contenu et du trafic exposé à ce nouveau modèle basé sur la performance, Google maximise les "points de contact" entre les annonceurs et ces nouvelles formes publicitaires qu'il veut pousser. le CPC devient pour eux un réflexe pavlovien!

Donc, sans aucune méthode coercitive mais "par l'exemple", il restructure progressivement le marché publicitaire en l'inondant de la forme unique qu'il veut voir adopter.

C'est très certainement par cette forme de sape structurelle à long terme qu'il peut générer aujourd'hui beaucoup de soucis chez les éditeurs:
  • il n'est pas nécessairement leur régie publicitaire online impérative
  • mais il accélère sans répit leur évolution darwinienne en maximisant la présence de nouveaux mécanismes publicitaires (donc financiers....) très sélectifs (pas de clics, pas de revenus!...) sur le terrain convergent du Media Unique qu'est l'Internet.
La mission officielle de Google, "organiser l'information disponible sur la planète et la rendre accessible" n'est pas du tout aussi innocente et charitable (même étalée sur 300 ans....) qu'elle pourrait en avoir l'air. Google est le seul à pouvoir mener actuellement un tel chantier et il s'en donne clairement les moyens.

Mais le revers de la médaille est clairement similaire à l'ambition des banquiers Lombards au Moyen-Age, rappelée par Emanuel: "l’enjeu c’est le pouvoir, celui qui contrôle les routes du commerce, filtre les échanges, les ponctionne, fixe les règles".

Eh bien, Google pave actuellement très solidement les (ses ?) autoroutes de l'information pour initialement en augmenter la fréquentation afin de mieux en contrôler les flux financiers en y imposant ses propres règles ensuite!

Même si le procès pour position dominante abusive dû au deal avec Yahoo a été évité à 3 heures près, on sent bien qu'il pourrait en poindre un autre à brève échéance....

PS (pour ceux arrivés jusque-là!) : j'insiste sur le mot "tiers" du titre: tout ceci se produit en utilisant le contenu généré par d'autres sans payer les coûts de sa création faite par d'autres! Hyper-malin, non ?....

Source: blog Media & Tech (par didier durand)

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Tiens je vois un magnifique carré de pub au dessus de ce commentaire, avec une pub d'un annonceur haut de gamme...
Tu peux nous dire combien rapporte cette merveille?

Didier Durand a dit…

Emanuel,

Le CPM de ce genre de choses (fournies par Google) est de 3$ env.

N.B.: je n'ai encore jamais touché la "fortune" que me doit Google via AdSense (c'est bloqué): mon but est d'expérimenter pas de m'enrichir. ;-)

Anonyme a dit…

il n'empêche que faire un effort pour éviter le monopole de google est la seule solution. Je dits ça et j'ai un compte gmail ainsi que google docs, j'utilise google analytics et google search. Mais je ne vois pas d'autre solution que cette effort.

Didier Durand a dit…

Hello anonyme,

J'espère que le marché saura trouver un contrepoids à Google sans procès: ce serait sinon une sorte d'insulte à l'intelligence du reste du monde!
didier