vendredi, mai 26, 2006

Au vu des chiffres Yahoo, comment croire au succès de Quaero?

Loic Lemeur rapporte une table ronde toute récente à Paris concernant le fameux Quaero, sujet avec lequel notre président "tourne" depuis bientôt une année. Jérôme Bouteiller en fait un rapport détaillé.

Eh bien, moi, je n'y crois que très difficilement (pas du tout ?...) à cette filière européenne "organisée"(par les institutions politiques) de l'indexation/traduction de l'information.

Pourquoi?
  • 2) Parce que comme P. Chappaz, je pense que les sociétés impliquées (Thomson, Siemens, etc... ) ne sont pas les bonnes. Il écrit "Rien de bouge? Ah! si! Chirac a confirmé cette semaine l'engloutissement de 250 millions d'euros de l'argent des contribuables dans un projet fumeux de moteur de recherche européen censé faire pièce à Google. Le hic, c'est que les entreprises sélectionnées pour bénéficier du robinet financier sont de vieilles boîtes dont le chef de file est Thomson, dont les préoccupations — et malheureusement aussi les compétences — se situent à des années lumières du Web."

  • 3) Parce que l'échelle de temps du projet Quaero n'est pas compatible avec la vitesse d'évolution du monde Internet. Le compte-rendu de J. Bouteiller dit "Reste à attendre le feu vert de Bruxelles pour lancer officiellement le projet et espérer voir les premières applications BtoB ou BtoC, peut-être dès la fin de l'année 2006". Un feu vert dans "peut-être 6 mois", cool non? Combien d'accord comme celui d'hier EBay-Yahoo (détaillé par Zorgloob) d'ici là?
  • 4) Parce que les terrains sont déjà conquis: Yahoo a rendu public récemment la comparaison de ses utilisateurs par marché par rapport à la répartition internaute mondiale. La superposition est assez incroyable! Voir ci-dessous: on calque presque parfaitement à une échelle colossale: 1 internaute mondial sur 2 est utilisateur de Yahoo.
(Je pense que les chiffres Google et Microsoft seraient sûrement similaires si on les connaissait puisque les fréquentations globales sont identiques - cf haut du 2ème tableau dans ce billet)


Mon côté pessimiste "en remet une couche": il me fait voir que tous les mastodontes de l'Internet (Google,Yahoo, Microsoft, EBay, Amazon, etc...) sont tous américains. (Un bravo quand même à Wanadoo qui apparaît en 15ème place mondiale - cf 2ème tableau en fin du billet)

J'irais presque à dire (ou à redire comme dans l'affaire Skype-Education Nationale ...) que nous (les européens) avons perdu la guerre (stratégique) de la société de l'information. Nous nous le voyons peut-être pas encore très concrètement, c'est tout.

A mon avis, le gros du gâteau est partagé: il ne nous reste que de petites parts (des miettes), à conquérir dans des niches.

Et pour les conquérir, il aurait effectivement mieux valu à mon avis aussi (P. Chappaz l'explique fort bien) utiliser les 250 millions de Quaero à lancer des centaines de startup qu'à alimenter les budgets R&D de sociétés établies pour lesquelles les buts de Quaero sont parfois une cannibalisation de leurs revenus actuels! (J'aime beaucoup le théorème des 2 pizzas de Jeff Clavier sur ce sujet - Quaero semble plutôt être "le festin à 500 convives")

Auront-elles alors toute la hargne nécessaire à le voir aboutir?

PS: J'aime beaucoup le "théorème des 2 pizzas" de Jeff Clavier sur ce sujet - Quaero semble plutôt être "le festin à 500 convives"...

7 commentaires:

Anonyme a dit…

Nous avons probablement perdu cette bataille avant même d'avoir aligné nos soldats. L'informatique en général et le web en particulier, se caractérisent par la vitesse d'évolution.

Ce n'est pas un projet mené par la lourde UE et des entreprises qui n'ont jamais eu le temps comme donnée stratégique, qui a la moindre chance d'aboutir.

Par contre, Quaero a une chance comme alternative. Quand Google, Yahoo, etc, échouent, il est intéressant d'avoir une dernière solution localisée. Il doit donc être conçu comme fondamentalement différent et non comme concurrent.

Enfin, je ne crois pas la guerre perdue en Europe, mais la surprise viendra d'une start-up ou d'un labo, pas d'un projet Airbus-style.

Anonyme a dit…

Bonjour Delphine,

Nous sommes 100% d'accord sur le fait que ce ne peut être uen structure trop lourde qui va créer l'alternative que vous évoquez.

Pour préciser mon billet: je pense que la grosse guerre est perdue. Par contre, je pense effectivement qu'il pourra encore y avoir des succès dans certaines niches qui pourront être des alternatives partielles.

Mais, sur la "grosse plomberie", je reste très sceptique!

cordialement

didier

Jean-Marie Le Ray a dit…

Bonjour,

Et tout d'abord félicitations pour la qualité de votre blog et de votre approche, voilà qui est dit.
A propos de Quaero, une anecdote qui AMA illustre bien le décalage total qu'il y a de part et d'autre de l'Atlantique : lorsque Yahoo a annoncé son partenariat avec eBay, j'ai été l'un des premiers à m'en faire l'écho sur la blogosphère francophone. Alors je me suis dit, les ténors de l'actu en France vont vite en parler. Erreur : Olivier Andrieu n'en a parlé que trois jours plus tard !, mais le lendemain il s'est empressé de sortir une non-information sur ... Quaero! Je trouve ça nul.
Cordialement,
Jean-Marie Le Ray

Anonyme a dit…

Bonjour Jean-Marie,

Vous ne pensez pas que le "trou" dans la blogosphère et les médias français vient du très long week-end d'Ascension?

On va donc accorder le bénéfice du doute à nos collègues. N'est-ce pas?

PS: en tout cas intéressant votre blog!

didier

Anonyme a dit…

Bonjour Jean-Marie,

Vous ne pensez pas que le "trou" dans la blogosphère et les médias français vient du très long week-end d'Ascension?

On va donc accorder le bénéfice du doute à nos collègues. N'est-ce pas?

PS: en tout cas intéressant votre blog!

didier

Jean-Marie Le Ray a dit…

Bonjour Didier,

Je voulais vous répondre, mais ma réponse appelait une réflexion élargie. Cordialement,
Jean-Marie Le Ray

Anonyme a dit…

Bonjour Jean-Marie,

J'ai lu la "réflexion élargie". Le débat est lancé! Il devrait être chaud ;-)...

didier