vendredi, mars 06, 2015

CDO et transformation numérique : carnet des meilleures recettes (pratiques!)

Article repris de mes publications sur ZDNet.fr :

CDO et transformation numérique : carnet des meilleures recettes (pratiques!)

Cloud Computing : Inquiètes par l'arrivée des nouveaux entrants « Internet first » qui chamboulent la répartition des rôles sur le marché secteur après secteur, toutes les plus grandes sociétés nomment actuellement leur Chief Digital Officer qui doit apporter certes une vision stratégique mais aussi les bonnes recettes tactiques pour contrer cette déferlante. De bons principes techniques concrets existent, à chacun de les décliner dans son contexte.
GDF Suez, L'Oréal, Danone, ERDF ont récemment nommé leur Chief Digital Officer (CDO) comme 40% des sociétés du CAC40 et la plupart des grandes sociétés au monde. Ce nouveaux CxO est supposé être le catalyseur de la transformation vers le numérique en même temps que le rempart contre les nouveaux entrants qui font place nette sur leur passage.

En effet, les grands leaders des différents secteurs industriels ont vu leurs homologues d''autres domaines se faire “tondre” par des nouveaux entrants. Ces derniers ont pour première priorité d'exposer leur processus de vente, de production, de livraison via l'Internet au sens le plus large (PCs, tablettes, mobiles, etc.). Ils veulent ainsi être les plus efficaces et les plus transparents possibles pour attirer la plus large fraction de la demande potentiellement infinie générée par Internet.

On peut ici citer Amazon pour la vente par correspondance, Paypal pour les services financiers et plus récemment Uber pour les services de taxi. Ajoutez ensuite qui vous voulez selon votre secteur de prédilection.

Donc, las de voir leurs homologues décimés par la jeune génération et voulant éviter de subir le même sort, les grandes sociétés nomment leur messie pour éviter de passer à la trappe grâce aux bonnes méthodes de cet(te) homme / femme providentielle.

Au-delà d'une vision à long terme très éthérée, on attend du CDO des recettes tactiques concrètes qui font progresser efficacement le sujet de la transformation chez son employeur. 

La participation récurrente aux projets lancés lors de ces transformations numériques fait émerger, selon mon expérience, quelques meilleures pratiques techniques et méthodologiques que je veux détailler ci-après.

La fixation des bons objectifs est essentielle : le plus important est certainement le désenclavement. En effet, ces grandes sociétés ont toutes des systèmes historiques qui “font tourner la maison” au quotidien en gérant les processus de commande, fabrication, livraison. Ces systèmes sont le plus sont propriétaires (mainframes, etc.) donc peu flexibles et péniblement interconnectés avec les autres serveurs de la maison et l'Internet. Il est impératif de fixer un objectif ambitieux de transformation du système principal vers des technologies modernes et ouvertes qui lui permettront de participer ensuite directement et efficacement à l'ensemble des processus du métier qui seront exposés sur Internet.

Dans la même veine, la fluidité et la continuité de ces processus sont critiques. Il serait vain voire létal de donner une impression de grande fluidité des processus internes par une “vitrine” (le site Internet ou les applications mobiles) trop attirante et procurant un faux semblant de transparence et d'efficacité si l'interconnexion entre la vitrine et l'arrière-boutique (= le système de gestion) est ensuite essentiellement manuelle sous la responsabilité de “petites mains” qui ne peuvent qu'introduire erreurs et délais en copiant les informations entre les divers systèmes.

Après les objectifs (= le QUOI), vient le chemin pour les atteindre (= le COMMENT). A nouveau, de multiples projets nous ont procuré les expériences suivantes.

L'absence de risque est vitale : les systèmes à transformer sont massifs. Pour la seule utilisation interne, ils servent déjà des milliers d'utilisateurs. Il est impensable pour tout CDO digne de ce nom de proposer une approche “Big Bang” où l'héritage informatique est remplacé du jour au lendemain par un nouveau système. Nous voyons donc (et recommandons vivement !) régulièrement des transformations incrémentales où la charge de travail mainframe historique est mutée sur une période longue de plusieurs mois vers le nouveau système (cloud privé x86, etc.) : d'abord quelques utilisateurs pionniers puis une première vague plus consistante avant que le gros des troupes ne débarque sur le nouveau système qui aura ainsi été purgé de ses problèmes de jeunesse en gênant la productivité au minimum.

La fluidité et l'homogénéité vont de pair avec la sécurité : les processus doivent rester efficaces tant pour les éclaireurs pionniers que pour les autres collaborateurs avec lesquels ils échangent dans le pilotage des processus dont ils sont responsables. En clair, le nouveau système et l'ancien ne peuvent être disjoints : ils doivent partager leurs données en temps réel autant en lecture qu'en écriture et si possible à travers une seule et même base de données (pour éviter les « machines infernales » de synchronisation bidirectionnelle...). C'est la condition sine qua non d'une transformation sans heurts nu perte de contrôle.

L'efficacité doit continuer à primer : la transformation numérique emmène la société davantage vers le monde de l'Internet où les marges financières et les délais de réaction sont toujours plus étroits. Donc, la vie en parallèle de l'ancien et nouveau système pendant la longue période de transition nécessaire à la sécurité (voir plus haut) ne doit pas nécessiter la maintenance à double des 2 systèmes (anciens et nouveau): l'un doit dériver automatiquement de l'autre. C'est en général le nouveau système qui est construit automatiquement à partir du système historique. En particulier, durant la transition, les changements apportés au système historique doivent pouvoir être automatiquement reportés sur la nouvelle plates-formes. C'est le chemin en général le plus naturel.

La cible doit être soignée : la plate-forme technologique du nouveau système doit offrir tous les gages d'un système moderne en termes d'agilité, de flexibilité, de scalabilité. Notre expérience est qu'il souvent ici souvent favorable de se mettre dans le sillage des gorilles de l'Internet (Google, Facebook, Amazon, etc.) en copiant leurs meilleures pratiques voire en utilisant les technologies qu'ils publient en Open Source sur Internet. Ces sociétés n'ont pas eu à faire de transformation numérique : elles sont néés avec l'Internet et en représente certainement les formes canoniques, voire l'ADN. Elles ont donc forcément vu juste  dans l'élaboration de leur système informatique car il est le composant essentiel de leur structure interne.

L'architecture doit être ambitieuse : quand on les expose sur Internet, le volume de traitement des systèmes de gestion peut exploser brutalement car la demande (au moins en informations) peut brutalement devenir colossale. Il faut donc travailler ici aussi à la mode des gorilles du Net : un composant de base (serveur x86) de taille modeste mais “empilable” à volonté et par tout petit incrément afin de ne pas avoir en entrer dans des « branle-bas de combat décisionnels » interminables à chaque besoin d'augmentation de capacité. Empiler de nouveaux serveurs coûtant quelques milliers d'euros est très simple à mettre en oeuvre, beaucoup plus que l'achat d'une seule machine coûtant plusieurs millions ! C'est un mode de développement “biologique”  tout à fait conforme à la vision d'évolution organique de l'Internet. Quand on veut basculer vers un nouveau paradigme autant aligner son mode de fonctionnement sur celui de l'étalon !

Ce livre de recettes peut sûrement être encore étoffé mais son application garantit déjà une transformation numérique très réussie. Il est bien sûr nécessaire de trouver à ces ingrédients génériques leur déclinaison pertinente dans un contexte particulier : la petite épice supplémentaire qui laisse un souvenir impérissable à tous ceux qui y goûtent ...
Source: blog Media and Tech (par didier durand)

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